Au second tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes le candidat du Rassemblement National Andréa Kotarac essuie une défaite très nette avec un score inférieur à celui du premier tour : 11,1%, contre 12% la semaine passée. La faute à l'abstention dit-il.
Andréa Kotarac s'est retiré, seul avec son directeur de campagne et une équipe très réduite dans les locaux du Rassemblement National de Saint-Etienne (Loire), sans public ni partisans pour suivre les résultats du second tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes dimanche 27 juin. Sur place les bouteilles n'ont même pas été ouvertes, l'heure est au repli sur soi. Au 1er tour, la soirée électorale s'organisait au contraire en grande pompe, sur un rooftop, un toit-terrasse en plein cœur du quartier Confluence à Lyon. Aujourd'hui pour le second tour les budgets sont donc en chute libre.
L'ancien membre de La France Insoumise passé à l'extrême-droite n'a pas réussi à faire percer sa liste face au président sortant (LR) Laurent Wauquiez et face à l'écologiste Fabienne Grébert alliée à la gauche. Le RN divise par 2 son score par rapport aux dernières élections de 2015, et divise par 3 son nombre d'électeurs.
Les résultats du RN dans nos départements
C'est dans le Cantal qu'Andréa Kotarac fait son plus mauvais score (5,7% des voix), et dans l'Ain qu'il emporte le plus de pourcentage (14,5%). Dans la métropole de Lyon, il emporte moins de 10% des voix.
- Rhône : 12,2%
- Ardèche : 11,5%
- Drôme : 14,1%
- Ain : 14,5%
- Loire: 12,9%
- Rhône (hors Métropole de Lyon) :12,2%
- Métropole de Lyon : 9,3%
- Allier 10,7%
- Cantal 5,7%
- Haute-Loire 6,1%
- Puy-de-Dôme 8,2%
- Isère 12,4%
- Savoie 12%
- Haute-Savoie 10,6%
Alors, déçu ?
Dans son QG, André Kotarac nous confie, le visage défait, être très déçu par l'abstention. "Il y a une véritable crise. Cette assemblée ne sera pas aussi légitime qu'on aurait pu espérer. En 2015 il y avait plus de 50% de participation. Là c'est presque deux fois moins. Ce sera une assemblée qui ne représentera pas les catégories populaires, les jeunes. Cela témoigne d'une véritable crise. On a passé un cap."
La faute aux 66,5% d'abstention ?
66,5% d'abstention, c'est le taux du second tour, légèrement mieux qu'au premier donc (67,4%). C'est surtout bien loin du scrutin de 2015, qui avait vu la participation bondir de près de neuf points entre les deux tours (de 48,9 à 57,5%). Mais aujourd'hui force est de constater que les abstentionnistes ne se sont pas bousculés pour donner leurs voix au RN.
Joint par téléphone par nos envoyés spéciaux quelques instants avant l'heure fatidique des résultats, Andréa Kotarac nous confirmait déjà que "l’abstention reste très forte, il n’y a pas vraiment de surprise." Il plaide pour une vaste analyse ces prochains jours pour tenter d'analyser profondément cette désaffection des électeurs : "Il faudra une vraie réflexion sur la légitimité de nos conseillers régionaux, car notre assemblée ne représentera pas les populations. Les élections régionales sont un acte manqué, les Français n’ont pas voté. Il va falloir réfléchir. Le problème n’est pas le RN, c’est une situation démocratique en crise. Ce score d’abstention est historique. Ça dépasse largement ma personne."
Au 1er tour, il dénonçait la mauvaise distribution des tracts électoraux
Au 1er tour, avec 12,3% des suffrages exprimés, Andréa Kotarac s'était qualifié mais sous une douche très froide. Son score était 10 points en-dessous de ce que prédisaient les sondages. Selon lui, les dysfonctionnements dans la distribution des tracts et de la propagande électorale expliquait en parti son score. "Quand on voit un tel taux d’abstention, je crois qu’il faut aussi faire le minimum pour que les gens puissent se déplacer, puissent analyser le programme de chacun des candidats. Cela n’a pas été le cas dans notre région. J’espère qu’au second tour cela sera mieux", dénonçait-il.
"Laurent Wauquiez parle à cet électorat"
La semaine dernière, 73% des électeurs du RN se sont abstenus. Il devra donc forcément y avoir une introspection dans les couloirs du parti. Une chose est sûre, selon Cyril Graziani, directeur du service politique de France Télévision, "Laurent Wauquiez parle à cet électorat. Il a rendu hommage au doyen du Rassemblement National qui siégeait encore il y a quelques semaines, appelant à créer des passerelles, à travailler ensemble. C'était une façon de montrer qu'il peut parler à tout le monde."
La polémique à Saint-Etienne
Une candidate du Rassemblement National à Saint-Etienne (Loire) aux élections régionales a été suspendue de participation à la campagne au début du mois de juin. Juliette Planche avait relayé des propos antisémites sur le réseau social Twitter, et des partages de publication de "Jeune Nation", un mouvement à tendance pétainiste. Andréa Kotarac a été à l'origine de cette sanction dès la confirmation de l'information.
Quel avenir pour le RN en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Le RN sera donc peu présent dans la prochaine assemblée régionale, laissant la place aux écologistes et à la gauche qui prennent la tête de l'opposition.
Dans notre sondage Ispos-Sopra pour France Télévisions et Radio-France, 52% des personnes interrogées trouvent que Marine Le Pen sort "affaiblie" par les résultats du 1er tour des élections. Et 46% se disent satisfaits des mauvais résultats du RN au niveau national.
Son programme
• Lors de notre débat du 24 juin, Andréa Kotarac avait rappelé les grandes lignes de son programme avec la sécurité en priorité : "On veut mettre un référent sécurité dans chaque collège, et pas simplement des portiques ou des agents de sécurité comme le propose Laurent Wauquiez. On partage l'idée, mais certains collèges en ont besoin, d’autres pas. Le président Wauquiez avait dit qu’il priverait les familles des délinquants multirécivistes des aides sociales, il ne l’a jamais fait. Rien n’a bougé. Nous le ferons."
• Pour l'environnement, André Kotarac avait plaidé pour une meilleure offre ferroviaire, contre l'énergie éolienne, pour des rénovations énergétiques avec des entreprises locales. Quand au projet de train Lyon-Turin, il n’était pas contre, mais il ne le mettait pas en tête de sa liste d'urgences, "d’autant qu’il s’agit d’un projet aux fonds européens, et qu’il est surtout temps de consacrer un budget à la remise en état et à la rénovation des routes, comme pour le rail."
• Pour la santé, André Kotarac plaidait notamment pour un bus mobile et pour la télé-médecine.