Grenoble, un an après: changement de style mais pas de révolution verte

Un maire sans cravate et qui circule à vélo: un an après l'élection de l'écologiste Éric Piolle à la mairie de Grenoble, le changement de style politique est certain. Mais les réformes d'envergure se font attendre. L'Agence France Presse livre son analyse. 

"Une ville pour tous": tel était le slogan de campagne de l'équipe qui a détrôné les socialistes en 2014. Un an plus tard, Éric Piolle estime avoir tenu promesse en cassant "le mur entre les élus et les citoyens".

L'ancien cadre de Hewlett-Packard, 42 ans, a abandonné la voiture de fonction aux vitres teintées de son prédécesseur au profit d'un vélo électrique, et ne se déplace plus "avec une cohorte de sbires". "Il n'y a plus une citadelle (...) C'est ouvert. Je me fais arrêter ou interpeller tous les trois mètres dans la rue", raconte-t-il.

Baisse des indemnités des élus, diffusion des conseils municipaux sur internet, création prochaine de "conseils citoyens indépendants": la nouvelle municipalité a multiplié les gestes destinés à rapprocher habitants et responsables politiques.

"De l'esbroufe", estime l'opposant Jérôme Safar, ancien premier adjoint PS, battu il y a un an. "Ils ont le même problème que nous, qui est de toucher les gens qui ne sont pas militants associatifs ou politiques", juge-t-il.

L'UMP Matthieu Chamussy dénonce lui une "grosse opération de com' depuis un an". La nouvelle équipe a de fait montré un sens aigu de la communication, en réussissant à désamorcer des polémiques naissantes, et en donnant un écho international à sa décision de supprimer les panneaux publicitaires dans l'espace public.

Le nouveau maire reste en outre la coqueluche des médias parisiens qui viennent prendre la température du "laboratoire grenoblois".

Ça parle beaucoup mais les actions tardent


Sur le fond, les principaux changements ont consisté à annuler des décisions de l'ancienne majorité: armement de la police municipale, projets immobiliers controversés. "Il y a eu un travail de mise à distance de l'intérêt privé", explique Elisa Martin, première adjointe (Parti de gauche, PG). "C'est un peu moins les promoteurs qui fixent les règles du jeu."

Mais sur les grands sujets environnementaux (transports, pollution, développement durable), peu d'évolutions notables ont été enregistrées. Les "autoroutes à vélo" sont encore en discussion et la gratuité des transports promise pour les 18-25 ans est menacée par la baisse des subventions du conseil général.

"Ça parle beaucoup mais les actions tardent à venir", résume Emmanuel Colin de Verdière, secrétaire de l'ADTC (Association pour le Développement des Transports en Commun). "On a des remontées d'adhérents qui s'impatientent un peu sur le vélo, qui ne voient pas de signe de nouveauté."

Éric Piolle met en avant un changement "culturel", traduit selon lui par une hausse de 22% des locations de vélo et de 10% des usagers des transports en commun sur l'agglomération en 2014. Côté alimentation, la part du bio et local est passée de 20% à 50% dans les cantines en un an. "Une ville, ça se construit dans le temps, dans la douceur et la coopération", avance le maire.

Pour Simon Labouret, docteur en sciences politiques, "le bilan est forcément modeste". "Les municipalités sont des navires qui tournent difficilement", remarque-t-il. Et le peu de changements intervenus depuis un an peut être "un facteur de déception" pour certains mais aussi avoir "un effet rassurant" pour ceux qui craignaient l'arrivée d'une coalition "rouge-verte" à la mairie.

La nouvelle municipalité subira un premier test à l'occasion des élections départementales des 22 et 29 mars. La coalition EELV-PG-Réseaux citoyens qui a remporté Grenoble a été reconstituée pour l'occasion et espère, dans la foulée des municipales, remporter plusieurs cantons actuellement aux mains des socialistes. Le visage d'Éric Piolle trône en bonne place sur les tracts de campagne. "Il y a un esprit de Grenoble", veut croire le maire.
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