En Haute-Loire, il faut en moyenne 266 jours pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste, 277 dans le Puy-de-Dôme et même 327 dans la Loire !
C’est une étude de « mutuelle.com » qui le révèle.
Le site « mutuelle.com » a publié récemment une étude sur les délais d’attente chez les médecins spécialistes. En tête, les ophtalmologistes, qui sont les moins disponibles.
Et dans ce tableau, deux départements auvergnats sont vraiment mal classés : la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme.
45 patients par jour !
En Haute-Loire, sur pages jaunes, on ne trouve que 7 résultats à la rubrique « médecin ophtalmologiste ». Dans un département de taille démographique comparable comme les Hautes-Pyrénées, il y en 25 !
Pour vérifier cette situation de pénurie, nous nous rendons dans un cabinet du centre ville du Puy-en-Velay.
Dans la salle d’attente, une mère qui accompagne sa fille pour une urgence confirme : « Il y a quelques jours, j’ai obtenu un rendez-vous pour mai de l’an prochain, soit 8 mois de délai ! ».
Très occupé, le médecin nous reçoit et nous montre son planning : il est déjà rempli jusqu’en juin !
« En moyenne, je vois 45 à 48 patients chaque jour, ça fait des journées bien chargées ! », dit le Dr Ladjouzi.
Cette pénurie, explique t-il, n’a rien de nouveau.
« C’est une situation nationale. Elle est plus prononcée dans notre région à cause de départs à la retraite de confrères qui ne sont pas remplacés ».
Autre explication de cette surcharge de travail : le vieillissement de la population et la multiplication des écrans (Smartphones, tablettes…).
Mais pour ce spécialiste, pas question de déléguer certains actes aux opticiens par exemple.
« Les patients ont besoin d’un avis médical. Une baisse de vision, c’est un symptôme dont il faut chercher l’origine ».
L’hôpital comme recours
Pour pallier cette pénurie, la solution est à chercher du côté de l’hôpital.
Au Centre Hospitalier du Puy-en-Velay, le service d’ophtalmologie comprend cinq médecins, deux internes en formation et un orthoptiste.
Ce dernier se charge du dépistage de problèmes de vision et de la rééducation des patients.
« Bien sûr, nous assurons les urgences 7 jours sur 7 et toutes les pathologies chirurgicales, mais nous avons aussi développé l’opthalmo-pédiatrie pour l’accueil des très jeunes enfants, secteur où il y une grosse pénurie », rassure Catherine Granier-Chevassus, chef du service ophtalmologie.
« Certes, il est difficile de se faire faire des lunettes en ville, mais ici nous répondons très rapidement à tous les problèmes médicaux ».
A l’hôpital Emile Roux du Puy-en-Velay, le délai moyen pour consulter dans le service, n’est que… de 4 mois, plus raisonnable !
Plus de médecins formés
La solution passe peut-être par l’augmentation du fameux numerus clausus, le nombre d’étudiants formés dans les facultés de médecine.
« Il y a quelques années, la fac de Clermont formait 2 spécialistes en ophtalmologie par promotion, là on en est à 6 », précise le Docteur Granier-Chevassus.
Le Doyen de la Faculté, le Docteur Chazal, rajoute d’ailleurs que ce numerus clausus va de nouveau augmenter.
« Dès l’an prochain, l’université clermontoise formera 10% d’étudiants en médecine en plus, on passera de 178 à 195 par promotion ».
Mais selon Jean Chazal, ce n’est pas qu’un problème de nombre.
«Avec un ophtalmologiste pour 10 000 habitants, l’Auvergne est dans la moyenne nationale, mais le problème vient de leur répartition sur le territoire ».
Le même problème finalement que pour les médecins généralistes et la question récurrente depuis quelques années des « déserts médicaux ».
Reportage : gérard Rivollier, Elodie Monnier. Intervenants : Dr Atmane Ladjouzi, ophtamologiste; Dr Catherine Granier-Chevassus,
chef service ophtalmologie hôpital Emile Roux
