Environnement. Didier Botta, l'auvergnat champion du monde de snowkite, déploie ses ailes pour la planète

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Didier Botta, champion du monde de snowkite ©France 3 Auvergne-Rhône-Alpes

Didier Botta est champion du monde de snowkite. Du haut de ses montagnes auvergnates, ce sportif qui vit au gré du vent, voit l’état de la nature se dégrader. Les déchets s’accumulent et les paysages qu’il aime se détériorent sous l’effet du dérèglement climatique. À son échelle, il essaye d’avoir un comportement écoresponsable, en ligne avec les valeurs de sa discipline.

Un manteau d’un blanc presque virginal tapisse les plateaux d’Auvergne. Les bruits sont étouffés. Les flocons de neige scintillent sous les rayons du soleil. Au loin, près du mont Mézenc, on aperçoit un point coloré qui caresse les reliefs, qui s’élève et tourbillonne. Sur les hauteurs du petit village des Estables, à proximité du mont Gerbier de Jonc, Didier Botta profite des premiers frimas pour s’adonner à sa passion : "le kite", autrement dit le cerf-volant.

Pour lui, toutes les occasions sont bonnes pour jouer avec le vent et glisser tracté par la bise. L’été, il fait du surf sur les vagues tiré par une voile, le kitesurf, un sport bien connu des vacanciers et l’hiver, il pratique sa version hivernale, le snowkite, avec des skis ou un snowboard aux pieds. Le reste du temps, attiré par le grand air, il pratique le parapente, le speed riding et, depuis peu, ce touche-à-tout roule sur les longues routes dégagées de la Haute-Loire sur un skate à l’aide d’une mini-voile.

Champion à plus d’un titre

Il a touché son premier kite à 13 ans. Et depuis, à force de déployer ses ailes, quelles que soient la saison et les conditions météorologiques sur les collines jouxtant son domicile, il a développé une connaissance très fine des vents, de leurs mouvements, de leurs variations et leurs ascendances. Avec son sens affuté du relief et de l’aérologie, il arrive même à voler en parapente alors que les manches à air sont à la verticale.

Même s'il est d’un naturel humble et discret, Didier est double champion du monde de snowkite en 2015 et 2018. Et chose rare, il a remporté ses titres sur les deux supports : à skis et en snowboard. Il a remporté le trophée des "snowkite masters" en 2021 devant les grands noms de la discipline.

"J’ai découvert la montagne, la glisse dans notre petite station des Estables d’abord en ski dès l’âge de 2 ans puis en kite à 13 ans", raconte-t-il. "Ici, on a un terrain de jeu vraiment fabuleux. Nous avons de vastes plateaux, des petites montagnes, des endroits dégagés et ventés. Grâce au vent, on peut prendre de la vitesse et tracer des belles courbes, que cela soit sur la neige, dans les airs ou sur l’eau, sur le lac de Naussac en Lozère par exemple. On n’a rien à envier aux Alpes, même si quelques centaines de mètres en plus seraient les bienvenues, on a un point de vue sur l’horizon, de vastes espaces enneigés, vallonnés et bien ventés. On peut pratiquer le kite quand on veut, on n’est pas dépendant de structures ou de station. On a juste besoin de vent, d’une voile, d’un baudrier et d’une planche."

À 28 ans, Didier vit de sa passion, il fait des compétitions, donne des cours de kitesurf ou de snowkite. Plus qu’un travail, ce sport constitue une de ses raisons de vivre. Il est habité : il lui arrive de partir de nuit, dormir sur les cimes pour s’élancer en parapente aux premières lueurs du jour. Il connait toutes les combes de son territoire auquel il est très attaché.

La montagne, c’est un peu tout pour moi : c’est un terrain de jeu, mais c’est aussi une façon de vivre...

En quinze ans passés à jouer avec l’invisible, à effleurer les reliefs, il a pu voir la vie dans cette zone de moyenne montagne évoluer. "En Auvergne, nous sommes plus bas que les Alpes. Aux Estables, le village, la station sont à 1 500 mètres d’altitude, le point culminant est à 1 700. Nous sommes vraiment témoins d’un réel changement, plutôt d’un dérèglement. Je constate que le temps est plus aléatoire, plus variable. On a, on a eu encore, et j’espère, on aura encore de très belles chutes de neige, mais ce n’est jamais garanti. Une année, cela va être fin novembre, d’autres fois en avril. En 2022, on a eu un hiver avec peu de neige, un été très sec avec moins d’eau. Au niveau des vents, on a des hivers globalement plus ventés. Avec des épisodes un peu plus extrêmes ; à tel point qu’il neige parfois à l’horizontale, la neige ne s’arrête pas, elle ne fait que passer.  Et on a aussi des étés plus calmes. Ces phénomènes ont un côté inquiétant et cela me donne envie de me bouger. La montagne, c’est un peu tout pour moi : c’est un terrain de jeu, mais c’est aussi une façon de vivre..."

Sensibiliser les nouvelles générations

Didier dirige une école de snowkite sur les contreforts du Mézenc. Il en profite pour sensibiliser les adultes et les jeunes à la protection de la montagne. Il leur parle de ce qu’il observe et des gestes simples à acquérir. "Pour les enfants, j’organise régulièrement des séances de ramassage de déchets quand il y a moins de vent. Cela ne changera pas tout, mais ce sont des moments importants, un premier pas. C’est important de s’y mettre, de pousser les jeunes à prendre conscience et les inciter à faire attention. Il est aberrant de voir des déchets sur les lieux que l’on fréquente : cela témoigne d’un manque de respect. Il faut toucher la jeune génération. Ce sont eux à qui on va laisser la place et ce sont eux qui vont influencer les plus grands. Après, ce sont simplement des valeurs de bienveillance, de solidarité : faire attention aux autres, à ce que l’on aime."

Un garçon dans le vent

À titre individuel, Didier Botta essaye de réduire son impact carbone. Sur cette terre de bons vivants, il fait attention à son alimentation, en choisissant des produits locaux et en privilégiant les circuits courts. Il trie ses déchets. Il fait attention à ses déplacements.

Le kite est assez écologique, la seule énergie que l’on utilise est le vent. C’est un mode de déplacement silencieux, gratuit, c’est logique d’être en ligne avec l’esprit de notre pratique.

"Je fais, le plus possible et dès que c’est possible, du covoiturage", déclare-t-il. "Par exemple, pour aller kiter, on se retrouve souvent à plusieurs. On part et on rentre ensemble. Pour mes autres trajets, j’utilise les plateformes internet de covoiturage. Avant, on faisait souvent du stop quand j’étais au lycée. C’est un peu pareil. Éviter de se déplacer, c’est bien. À défaut partager un véhicule, c’est pratique, plus économique, plus écologique. Il faut soutenir ce réflexe. Si on réduisait le nombre de voitures sur les routes, cela réduirait d’autant les émissions. Mais c’est sûr que cela demande parfois de perdre un peu de temps, il faut s’organiser. Le kite est assez écologique, la seule énergie que l’on utilise est le vent. C’est un mode de déplacement silencieux, gratuit, c’est logique d’être en ligne avec l’esprit de notre pratique."

Le jeune auvergnat est néanmoins réaliste. Il sait que ce ne sont que des petits gestes, bien peut-être de choses comparé aux émissions d’une flotte d’avions. "Il y a différents mondes dans ce même monde et il est temps de se poser, de réfléchir et de ralentir un peu. Mais oui, j’ai de l’espoir : on a une belle planète, il y a plein de choses à faire, ce n'est pas foutu, mais il faut s’y mettre."

>> Les trois antennes de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes mettent au cœur de leur programmation la protection de la montagne et de ses écosystèmes, beaux mais fragiles. #PréserveTaMontagne, un sujet d’actualité, une question majeure vu que deux tiers de la région se situe en zone montagne et que la région est à cheval sur les Alpes, le Massif central et le Jura.

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