Après le fiasco de 2017, la cour d'assises de Haute-Loire se réunit à nouveau à compter du 29 janvier pour juger Cécile Bourgeon, la mère de la petite Fiona, et son ex-compagnon Berkane Makhlouf. Tous deux doivent répondre de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Le procès en appel qui débute lundi 29 janvier, au Puy-en-Velay, permettra-t-il de faire toute la lumière sur les circonstances de la mort de la petite Fiona, disparue en mai 2013 et dont le corps n'a jamais été retrouvé. ? Au terme de 10 jours de débats, la cour d'assises de la Haute-Loire va statuer sur les responsabilités des deux accusés : Cécile Bourgeon, la mère de la fillette, et son ex-compagnon Berkane Makhlouf. Tous deux sont jugés pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Après le rendez-vous manqué du premier procès en appel (octobre 2017) qui avait été interrompu et renvoyé en ce début d'année, les parties civiles attendent toujours de connaître la vérité.
Une plainte contre le père de Fiona
Les avocats de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf, avaient obtenu le renvoi du procès en appel car, selon eux, leur probité avait été mise en cause par une avocate de la partie civile. « Mascarade », « pantalonnade », « prise en otage » : un renvoi qui avait suscité beaucoup d'indignation dans les rangs des parties civiles.
Nicolas Chafoulais, le père de Fiona s'était, quant à lui, déclaré « dégoûté » par ce renvoi, demandant la délocalisation du procès hors d'Auvergne. Le père de Fiona qui fera même l'objet d'une plainte pour diffamation. Les avocats des accusés, Maîtres Gilles-Jean Portejoie, Renaud Portejoie et Mohamed Khanifar, lui reprochaient de les avoir accusés de « collusion avec le président de la cour d'assises et ses assesseurs ».
Tensions dans le box des accusés
Le renvoi du procès avait pour finalité de permettre une « sérénité des débats » . Dans ce contexte, il n'est pas certain que les tensions du « premier » procès en appel soient dissipées.
De tension il en a été question dans le box des accusés, en octobre dernier, lorsqu'un témoin est parvenu à pousser Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf dans leurs derniers retranchements. Alors que, jusqu'à présent, chacun concentrait son énergie pour clamer son innocence en prenant soin de ne pas jeter la responsabilité sur l'autre, ils se sont invectivés. Berkane Makhlouf : « Moi j'en veux à Cécile de m'accabler comme ça ». Cécile Bourgeon : « Tu dis ça? C'est toi qui m'a accablée en premier! (...) Tu veux jouer? On va jouer! ». B. Makhlouf : «Comment ? ». Cécile Bourgeon : « Est-ce que tu peux te regarder dans une glace, après ce que t'as fait? Moi je peux me regarder dans une glace ! ». Berkane Makhlouf : « Moi aussi ! ». Un bref et unique échange qui laissera la cour sur sa faim.
Une tentative de suicide ?
Quelques semaines après ces cinq jours de procès, Cécile Bourgeon, alors incarcérée à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, a fait l'objet d'un signalement pour risque suicidaire. C'est une co-détenue, alertée par son comportement, qui a informé l'administration pénitentiaire. Cette dernière mettra alors la main sur une lettre rédigée par Cécile Bourgeon. Dans ce courrier adressé à Fiona, elle indiquait vouloir la « rejoindre ». « Il y a eu des tentatives de suicide qui sont avérées et qui ont émaillé son parcours carcéral » rappelle son avocat Renaud Portejoie qui assure qu'elle «est en état de comparaître , elle souhaite que le procès vienne.». Un procès en appel qui débutera donc lundi 29 janvier, au Puy-en-Velay.
En première instance, la cour d'assises du Puy-de-Dôme avait acquitté partiellement la mère de la fillette du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Elle avait été condamnée pour quatre délits, notamment "non-assistance à personne en danger" et "dénonciation de crime imaginaire" pour avoir monté le scénario de sa disparition dans un parc de Clermont-Ferrand, le 12 mai 2013. Quant à Berkane Makhlouf, son compagnon de l'époque, il avait écopé de 20 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté des deux tiers.