Une semaine après l’aide annoncée par le Premier Ministre Michel Barnier au Sommet de l’élevage pour faire face à la FCO, des éleveurs se sont rassemblés devant la préfecture de Haute-Loire au Puy-en-Velay. Pour eux, le compte n’y est pas.
L’enveloppe de « 75 millions d’euros » pour « faire face à la FCO (fièvre catarrhale ovine) de sérotype 3 » annoncée par le Premier Ministre Michel Barnier au Sommet de l’élevage, à Cournon, le 4 octobre dernier est jugée insuffisante.
Et pour le rappeler aux services de l’état, à l'appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, une cinquantaine d'éleveurs se sont rassemblés vendredi 11 octobre devant la préfecture de Haute-Loire. Les manifestants étaient invités à apporter « les panneaux de sortie » de leur commune pour « symboliser le risque de disparition des exploitations et de la filière ovine », durement éprouvées par cette épizootie, qui n’est pas transmissible à l’homme.
Pour eux, « le compte n’y est pas » : l’aide concerne "uniquement la zone touchée par le sérotype 3", apparu dans le nord de la France début août. Michel Barnier, ancien ministre de l'Agriculture, a expliqué vouloir cibler cette maladie émergente "pas prise en compte" dans les systèmes d'indemnisation existants.
« La zone FCO8 (fièvre catarrhale de sérotype 8) est complètement oubliée par l’état », estime le syndicat agricole de Haute-Loire. Or le département est particulièrement touché par ce sérotype 8, présent en France depuis plusieurs années. La maladie virale qui frappe les ruminants a fait des ravages dans les fermes, décimant depuis début août 15 % du cheptel ovin en Haute-Loire, soit environ 15000 bêtes. Les manifestants demandent notamment "l'indemnisation des pertes directes et indirectes ovines" et "la prise en charge du vaccin FCO8".
Sur plusieurs fronts
"Le gouvernement nous explique qu’il ne veut pas indemniser la FCO8 parce que c’est une maladie qui est là depuis plusieurs années et qu’il y avait un vaccin qui aurait pu être fait par les éleveurs pour limiter la perte, sauf que cette maladie n’a jamais eu autant de mortalité sur l’élevage ovin", affirme Nicolas Merle, président de la FDSEA 43. "Il y a aussi de grosses problématiques sur les bovins et c’est pour ça qu’on veut que ce soit reconnu comme une nouvelle maladie étant donné que le virus, visiblement, aurait muté", poursuit-il. La profession invoque aussi des ruptures dans l'approvisionnement du vaccin et un manque d'anticipation pour justifier le faible taux de vaccination dans le département avant la crise.
"Mr Barnier était venu chez nous en 2009 déjà pour montrer l’importance qu’avait l’élevage ovin dans notre pays. On veut qu’il prenne en compte, aujourd'hui, le fait que les brebis soient mortes et qu’on ait une possibilité de décapitalisation du troupeau et de disparition de l’élevage ovin sur notre département", conclut-il, avant de rappeler que le territoire se trouve à la croisée de 3 maladies : FCO8, FCO3 et MHE. La MHE (maladie hémorragique épizootique) est une maladie infectieuse transmise également par un moucheron, qui touche essentiellement les bovins.
Des mesures jugées insuffisantes
Avant Michel Barnier, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard avait annoncé lors du Sommet de l'élevage jeudi 3 octobre l'extension de la vaccination contre la FCO3 "à toute la France pour la filière ovine". Des mesures saluées par les éleveurs dans les allées du salon, mais déjà critiquées.
La Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, avait alors dénoncé un "tri inadmissible", fustigeant "l'abandon" des éleveurs "de la moitié de la France" victimes de la FCO 8.
Les syndicats plaident pour une prise en charge de la vaccination de toutes les fièvres animales. Selon la FNSEA, l'indemnisation de l'ensemble des éleveurs de brebis victimes de FCO nécessiterait entre "100 et 150 millions d'euros". Prudent, le Premier ministre a indiqué qu'il n'oublierait pas les agriculteurs mais qu'il ne voulait "pas raconter d'histoires", au vu des contraintes budgétaires.
Avec Laurent Cluzel et AFP