Wauquiez, un nouveau succès qui reste à convertir

En arrachant Auvergne-Rhône-Alpes à la gauche, Laurent Wauquiez s'est rendu encore un peu plus incontournable à droite. Reste pour lui à faire la preuve de ses capacités de gestionnaire, alors que ses positions tranchées irritent jusque dans son camp.

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Député à 29 ans, membre du gouvernement à 32, l'homme pressé de la droite, né à Lyon et père de deux enfants, franchit à 40 ans une nouvelle étape de sa fulgurante carrière en s'imposant à la tête de la deuxième région française et ses 7,7 millions d'habitants.

Fort des 40,61% des suffrages exprimés au second tour, M. Wauquiez disposera au conseil régional d'une solide majorité de 113 sièges, contre 57 pour la gauche et 34 pour le Front national.

Le secrétaire général des Républicains l'assure: ce ne sera pas un tremplin pour obtenir un nouveau maroquin ministériel en cas d'alternance en 2017. Car, pour lui, la politique est largement démonétisée : "Nous vivons dans une période où la politique a perdu toute valeur, en ayant perdu son exemplarité". Et les hommes politiques doivent maintenant retrouver de la légitimité en revenant au plus près du terrain, plaide-t-il.

Son brillant CV (Normale Sup, agrégation d'histoire, DEA de droit public, ENA) et son passage par la haute fonction publique en font, il est vrai, un parfait représentant de ces élites parisiennes que rejette une partie du corps électoral, bien qu'il se défende de parler comme elles.

Mais la manière dont il a mené campagne montre aussi un savoir-faire digne des vieux briscards de la politique"On est sûrement dans une des régions qui a accumulé le plus de scandales et de mauvaise gestion", lâchait-il en dénonçant une facture téléphonique salée de l'ancien patineur Gwendal Peizerat (membre de l'équipe sortante) ou l'embauche par une structure de la région d'une proche de son adversaire socialiste Jean-Jack Queyranne.

Pour ce dernier, habituellement plus policé, la campagne de la droite a été "crapuleuse". Et le président sortant de l'Auvergne, le socialiste René Souchon, d'ajouter: "En 40 ans de carrière, je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui mente avec autant d'aplomb que M. Wauquiez".

"Séduction/intimidation" 

S'il peut se montrer brutal (l'ancien commissaire européen Michel Barnier, qui briguait l'investiture, peut en témoigner) le maire du Puy-en-Velay a su séduire aussi, en jouant sur son indéniable capacité à écouter et à convaincre. A commencer par l'UDI et le MoDem, tentés au départ par une liste indépendante face à un candidat jugé trop clivant.    

L'ex-championne de ski Carole Montillet fait partie de ceux qui se sont lancés en politique à son initiative. "C'est quelqu'un qui regarde les gens droit dans les yeux, qui écoute les agriculteurs avec leurs problèmes, les étudiants, qui cherche à comprendre. Il est tout le temps en train de gribouiller des petits trucs sur son calepin", explique-t-elle.

"Le principe du 'W', c'est la séduction/intimidation. Wauquiez, c'est un républicain qui veut faire la guerre à tout le monde", analyse plus froidement, sous couvert d'anonymat, un de ses colistiers.

Elancé et sportif, vêtu de son éternelle parka rouge, le député de Haute-Loire aura fait une course de fond, sillonnant la nouvelle région, du mont Mézenc, son Solutré à lui où il a lancé sa campagne, jusqu'aux salles de "standup" de Lyon.

S'il a réussi à maintenir l'unité de la coalition hétéroclite qui le soutenait, Laurent Wauquiez, a fait frémir certains en demandant, au lendemain des attentats de Paris, le placement en "centres d'internement" des milliers de personnes fichées pour terrorisme; ou en s'affichant dans une réunion contre le mariage pour tous à Lyon, à laquelle participait aussi la tête de liste FN Christophe Boudot.

Entré en politique sous l'aile de Jacques Barrot, figure tutélaire de la démocratie chrétienne, Laurent Wauquiez est désormais bien installé sur les franges les plus droitières de son parti. Quitte à se faire traiter de "droite extrême" par le PS et de "faussaire" par le Front national.

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