A Sembadel, Haute-Loire, les propriétaires forestiers viennent d’écrire à Ségolène Royal, à propos du radar météo installé en plein milieu des bois. Le préfet leur demande de couper une cinquantaine d’hectares de sapinières qui font écran, une aberration économique et environnementale selon eux.
Ce radar de 26 mètres de hauteur a été installé en 1996 par Météo France pour prévenir les crues cévenoles, anticiper les caprices de la Loire notamment.
Il y en a une trentaine en France métropolitaine pour observer l’évolution des vents et des précipitations dans le pays.
Les sapins « masquent » les ondes
Implanté au cœur d’un massif forestier, le radar de Sembadel est depuis longtemps perturbé par un phénomène de « masque » provoqué par les arbres. Alors, s’appuyant sur une servitude qui frappe 200 hectares de forêts, le préfet de Haute-Loire, après plusieurs années de concertation, a décidé d’agir.
Il vient d’envoyer une lettre à certains propriétaires forestiers pour faire dégager l’horizon.
D’après Eric Maire, le préfet, cela concernerait environ 25 hectares au titre d’une coupe rase et une vingtaine d’autres pour une coupe sélective.
Il n'en est pas question pour le comité de défense de l’environnement et du patrimoine : « Nous nous y opposons pour une raison écologique car ces forêts abritent une population de chouettes de Tengmalm protégée en France et en Europe et ensuite parce que les coupes provoqueront un afflux de bois qui feront chuter les cours », explique Roland Hugon, à la tête de cette association.
Sans remettre en cause l’utilité du radar, le Parc Naturel Régional du Livradois Forez et le maire de Sembadel soutiennent ce combat contre Météo France et l'administration.
« Dix hectares proches du radar ont déjà rasés avec l’accord des propriétaires, aujourd’hui on leur demande de couper 45 hectares supplémentaires, on ne sait pas jusqu’où on va aller, nous proposons donc une solution plus pérenne qui consiste à rehausser le radar », déclare Roland Gobet, le maire sans étiquette de la petite commune forestière.
La sécurité publique avant tout
Cette solution coûterait de 750 000 euros à 1 million d’euros d’après une étude confiée à des experts, selon le maire.
Le préfet de Haute-Loire répond que ce n’est pas envisageable, pas plus que de déplacer le radar météo : « Ce radar permet de prévoir les inondations, notamment les crues cévenoles, voilà pourquoi un décret de 1996 impose des servitudes pour les propriétaires forestiers à proximité. Son rehaussement n’est pas envisageable sur le plan technique, plus le radar est élevé et plus les oscillations au sommet sont importantes au détriment de la précision des mesures ».
Et puis il y a la question du coût de l’opération, le préfet ne s’en cache pas.
Samedi 11 février, il a prévu une réunion dans la commune, une réunion qui risque d’être houleuse tant les positions sont divergentes.
Il a envoyé une lettre aux propriétaires concernés pour leur demander de procéder aux coupes avant la fin de l’année.
La crainte de ces derniers, c’est qu’à terme, l’ensemble du massif forestier de 200 hectares soit sacrifié au titre de la sécurité publique, et sans aucune compensation financière pour eux.