Début août, des spécialistes de l'image numérique 3 D prospectent les cavités souterraines de la forteresse de Polignac en Haute-Loire. Ils s'intéressent à un puits de 82 m de profondeur et à une citerne qui permettaient au site -qualifié d'imprenable- de résister à un siège d'assaillants.
A Polignac, en Haute-Loire, Rémi est photographe et spéléologue. C'est lui qui a organisé cette expérience qui concerne la forteresse, avec des spécialistes de l'image 3D. Rémi Flament, photographe en milieu contraint, explique : « On arrive dans la cuve qui servait de réception des eaux fluviales. Cela permettait de les stocker et d’alimenter le village depuis la forteresse ». Objectif du jour : tester du matériel et fournir des images jusqu'ici jamais vues des souterrains de la forteresse. A 6 mètres sous terre, une citerne voutée et maçonnée, qui a franchi les siècles et que Rémi va explorer dans ses moindres recoins. Il poursuit : « Là, on utilise un scanner 3D. Il utilise la photo pour créer un jumeau numérique de la cuve. Cela permettra à terme de créer une visite virtuelle de cette salle, sans que le public ait à descendre ».
Une forteresse "imprenable"
L'intérêt est donc de mettre en lumière, avec des outils innovants et sous une nouvelle forme, ce site de Polignac datant du XIème siècle. Nicolas Bissonnier, régisseur de la forteresse de Polignac, souligne : « On appelle ce site la forteresse imprenable mais finalement je n’aurai pas de grande bataille à vous raconter. Elle était vraiment dissuasive avec 6 portes fortifiées à franchir avant d’arriver à son sommet, et 60 mètre de falaises tout autour. Avec 800 m de remparts, on n’a pas trop envie de s’y frotter ».
Une technique innovante
L'autre exercice consiste à ausculter un immense puits au moyen d'un scanner mobile à laser : 82 mètres de profondeur à l'origine, 3 fois la hauteur du donjon et des images en direct ! Julien Thibout, de Leica Geosystem France, indique : « C’est assez innovant comme technique et cela va surtout permettre de gagner beaucoup de temps pour ce genre d’environnement très sombre et difficile d’accès ».
Un marché prometteur
Si trois entreprises spécialisées ont fait le déplacement jusqu'ici, c'est aussi pour tester leur matériel dans un marché très prometteur, celui de la numérisation des espaces souterrains. « Le système qui a opéré dans la cuve était dédié aux réseaux d’assainissement. Maintenant je le déploie aussi dans des tunnels ferroviaires et dans des ouvrages historiques ou naturels » précise Gaétan Curt, ingénieur en photogrammétrie. Le public pourra à son tour découvrir ces images inédites de la forteresse de Polignac lors des prochaines journées de la science, en octobre prochain.