Depuis l’attaque au couteau commise la semaine dernière par un réfugié syrien dans un parc pour enfants à Annecy, le maire de la ville, François Astorg, est la cible de menaces racistes et de messages haineux sur les réseaux sociaux. Il a déposé plainte ce week-end.
"Collabo", "soutien des terroristes", "assassin". Depuis l’attaque au couteau, perpétrée le 8 juin par un réfugié syrien, François Astorg, le maire d’Annecy, est la cible de centaines de messages haineux sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter, de nombreux internautes lui reprochent d’avoir "du sang sur les mains", et repartagent un tweet publié par le premier édile le 23 mai, soit deux semaines avant l’attaque, où ce dernier prônait "une ville refuge pour celles et ceux qui fuient la guerre".
De quoi provoquer l’ire des militants d’extrême droite, comme Damien Rieu, co-fondateur du mouvement Génération Identitaire dissous en 2021 par le ministère de l’Intérieur.
Nommément visé dans des messages haineux, le maire divers écologiste d'Annecy, François Astorg a déposé plainte contre X samedi matin pour "intimidation"et "diffamation".
Selon nos confrères de Mediapart, l’élu serait aussi visé par des attaques racistes, en raison de ses origines sénégalaises. "Je ne vais pas dire que j’ai l’habitude du racisme, mais quand même… Cela me rappelle quand j’étais à Paris, pendant les années Pasqua", a-t-il déclaré au média d'investigation, précisant que la police avait ouvert une enquête.
Dimanche matin, lors d’un rassemblement citoyen organisé par la Ville en soutien aux victimes, le maire a également souligné que cette mobilisation était "la meilleure manière de contrer" les attaques de l’extrême-droite. "La haine ne passera pas par nous, a-t-il poursuivi. Annecy est une ville très vivante, il ne faut pas que la barbarie, la lâcheté et la haine colportée par certaines personnes nous empêchent de continuer à avancer".
L'extrême droite hyperactive depuis l'attaque
Le drame d'Annecy, qui a fait six blessés dont quatre très jeunes enfants, a été très largement relayé et commenté par la sphère politique sur les réseaux sociaux.
La médiatisation du "héros au sac à dos", qui a repoussé l'assaillant, a propulsé le hashtag #MerciHenri sur Twitter. Ce hashtag était très partagé par les comptes d'extrême droite, comme celui de Stanislas Rigault, président du mouvement des jeunes de Renconquête!, le parti d'Eric Zemmour.
Et dès le soir de l'attaque, quelques dizaines de militants d'ultradroite s'étaient retrouvés dans le parc puis dans les rues d'Annecy en scandant "Bleu, blanc, rouge, la France aux Français" (voir la vidéo ci-dessous).
La Ligue des droits de l'Homme dans le viseur
Sur les réseaux sociaux, les militants d’extrême droite s’en sont aussi pris à Frédérique Lardet, la présidente (Horizons) du Grand Annecy, ainsi qu’à l’antenne haut-savoyarde de la Ligue des droits de l'Homme.
Après avoir reçu de nombreuses critiques et menaces de la part de dizaines d'internautes, l’organisme a dû se résoudre à annuler un "apéro solidaire" en soutien aux migrants, annoncé il y a plusieurs semaines pour le 16 juin.
Co-organisatrice de l’événement, l’association Solidarité Migrants a publié un communiqué pour s’opposer "aux amalgames entre violence et migration" et rappeler que l’attaque est "un fait isolé" qui ne représente en rien "le visage de l’exil à Annecy".