Les agriculteurs, mobilisés depuis une semaine, maintiennent la pression dans l'attente des déclarations du Premier ministre, ce vendredi en fin d'après-midi. Du péage d'Allonzier-la-Caille, en Haute-Savoie, à l'agglomération de Grenoble, les manifestants attendent des mesures fortes mais se disent prêts à poursuivre le mouvement.
Une quarantaine de tracteurs et plus d'une centaine d'agriculteurs bloquent l'autoroute A41 depuis 7 heures ce vendredi 26 janvier. La circulation est à l'arrêt à hauteur du péage d'Allonzier-la-Caille (Haute-Savoie) dans le sens Annecy-Genève où les automobilistes doivent prendre la sortie 18 pour continuer sur la route nationale.
Les machines agricoles sont parées de pancartes "Bientôt la faim" ou encore "Vivre libre ou mourir", avec des mannequins habillés de combinaisons agricoles, pendus en hauteur. "On n'a pas le choix. On est face à des dilemmes, beaucoup de problèmes de trésorerie. Les fermes sont au bord de la faillite et demain, la population risque de mourir de faim", estime Nicolas Tissot, l'un des agriculteurs à l'origine du rassemblement.
Rassemblés sur les voies de l'autoroute, les agriculteurs n'excluent pas de maintenir le barrage pour la nuit, voire d'aller manifester à Annecy pour y vider leurs bennes de fumier s'ils ne sont pas satisfaits des annonces du Premier ministre. Gabriel Attal est attendu vendredi dans une exploitation de Haute-Garonne, accompagné du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, pour présenter des mesures et répondre à la colère agricole.
Une mobilisation partie pour durer ?
"Il va falloir plusieurs annonces concrètes parce que nos deux revendications principales concernent l'empilement des normes qui pourrissent la vie des exploitants agricoles" et "l'importation de produits qui ne respectent pas nos normes", fait savoir Jérémy Bechet, représentant de la coordination rurale des Savoie.
"Si on n'a pas les annonces qu'on attend, on pourrait rester ce week-end. Ici, il y a le ski donc l'économie peut vite être paralysée", prévient également Nicolas Tissot, espérant que d'autres professions rejoignent le mouvement. Les agriculteurs mobilisés ont été rejoints par une délégation d'élus du département venus les soutenir dans leurs revendications.
"Il y a beaucoup de jeunes motivés en école agricole, mais ils ne restent pas longtemps dans la profession parce qu'ils ont du mal à en vivre. C'est l'aménagement de notre territoire qui va en découler, l'entretien de nos espaces", s'inquiète Xavier Brand, maire de Vovray-en-Bornes, lui-même agriculteur proche de la retraite, préoccupé par la transmission de son exploitation.
Grandes attentes
La colère des agriculteurs a gagné les Alpes du Nord avec le blocage de l'autoroute A7 depuis quatre jours et une manifestation d'ampleur, jeudi, en plein centre de Grenoble. Une vingtaine d'exploitants bloque depuis jeudi soir l'A480 qui borde la capitale des Alpes, alimentant des feux de pneus et de paille sur la chaussée.
"On attend beaucoup des annonces du gouvernement pour prendre une décision" sur la suite du mouvement, explique Jordan Desimone, membre des Jeunes agriculteurs de l'Isère, exploitant agricole de la Matheysine. Lui espère notamment l'application de la loi Egalim sur le partage de la valeur entre acteurs de la chaîne alimentaire française. "Ça serait l'outil-solution mais il n'est pas mis en œuvre."
"On est là jusqu'à nouvel ordre", ajoute Cédric Ruzzin, éleveur à Poliénas, après une nuit passée sur le barrage en attendant que d'autres prennent la relève. Une quarantaine d'agriculteurs et une vingtaine de tracteurs pourraient arriver d'ici ce soir.
"Heureusement, mon épouse m'a donné un coup de main, mon papa qui est à la retraite aussi. Ce sont eux qui ont soigné mes bêtes hier soir, ce matin et s'il faut que je reste encore ce soir, ils continueront", promet-il. Gabriel Attal doit s'exprimer ce vendredi en fin d'après-midi pour annoncer une "panoplie de réponses" aux demandes multiples des agriculteurs, a assuré le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.