L'équipe de France de football pour amputés dispute, du vendredi 8 au dimanche 10 septembre, plusieurs matches de la Ligue des Nations à Annecy (Haute-Savoie). L'occasion pour cette formation et ces "exemples de vie" d'être mis en lumière et d'obtenir une meilleure reconnaissance.
Retour aux matches internationaux pour nos Bleus, ceux de l'Équipe française de football pour amputés (EFFA). À partir de ce vendredi 8 et jusqu'au dimanche 10 septembre, la sélection nationale des amputés dispute la Ligue des Nations, à Annecy. Des matches de prestige face à l'Italie, l'Irlande et l'Allemagne, qui mettront en lumière une belle équipe et une fantastique histoire.
Ce mercredi matin, la quinzaine de joueurs s'entraînaient aux frappes de balle, avec leurs deux béquilles comme seuls appuis. Dans l'équipe, tous ont connu un traumatisme : "Le sport est une thérapie pour nous. On a le même handicap donc on s'entraide beaucoup entre nous. On est devenu une seconde famille. Ce qui nous permet de garder la tête haute, malgré le handicap", raconte Romain, le numéro 19 floqué sur le maillot bleu.
Romain a dû être amputé à 33 ans à cause d'un staphylocoque. D'autres de ses coéquipiers ont été atteints de malformation ou victimes d'un accident de la route. C'est le cas pour Nabil, un des tauliers de l'équipe : "C'est arrivé très tôt. Je devais avoir 11 ans, j'étais en vacances à l'étranger, au Maroc. Un banal accident de voiture, puis une fracture mal soignée", raconte-t-il avant d'ajouter : "À l'époque, j'allais rentrer au centre de formation de Grenoble. J'avais été repéré lors d'un tournoi."
Une équipe depuis 2007
Il le concède : "C'était compliqué au début. Puis on fait le deuil de sa jambe. On recommence à jouer au foot avec des copains valides." Le joueur polyvalent est de nouveau repéré. Cette fois-ci par une équipe de personnes amputées en Angleterre.
Nabil décide ensuite de revenir en France et fonde la première équipe nationale en vue de la Coupe du monde 2007 : "C'était un peu 'Rasta Rocket'. Il n'y avait pas que des footeux dans l'équipe. Certains étaient judokas, d'autres pratiquaient le karaté ou le surf."
Nous ne sommes toujours pas reconnus par la FFF. C'est scandaleux et inacceptable.
Kamel Saouchi, sélectionneur de l'équipe de France
Depuis, la situation a bien changé. L'équipe s'est "professionnalisée" et des partenaires privés ont commencé à soutenir l'EFFA. "Je suis super content du chemin que l'on a fait", explique Nabil. Mais pour Kamel, le sélectionneur, du chemin reste à parcourir : "Nous ne sommes toujours pas reconnus par la FFF (Fédération française de football). C'est scandaleux et inacceptable. Pendant que les joueurs valides sont soutenus avec des millions d'euros, nous devons nous battre avec des partenaires privés alors que ces joueurs ont un courage formidable."
Kamel espère une reconnaissance de la FFF et de son nouveau président Philippe Diallo dans les prochains mois : "Pour moi, ce sont plus que des guerriers. Ce sont des exemples de vie extraordinaires. Le handicap peut toucher n'importe qui à n'importe quel moment de la vie. Ces gens-là ont eu des accidents de la voie publique, des cancers, des malformations..." Ils ont su surmonter ces épreuves et cherchent désormais "le dépassement de soi".
À partir de ce vendredi 8 septembre, les Bleus vont affronter à tour de rôle l'Irlande, l'Allemagne et l'Italie. Autant d'équipes reconnues par leur fédération nationale.
