Coronavirus : Annemasse-Genève, une agglo à cheval sur deux pays... et deux réglementations au temps du Covid-19

Si nous avons parfois du mal à intégrer la multitude de petites règles liées au déconfinement (déchèteries sur rdv, magasins à sens unique…) imaginez un peu ce que cette période implique comme gymnastique réglementaire pour les habitants de l’agglomération franco-genevoise.

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Ainsi donc, cela fait maintenant plus de 15 jours qu’ils peuvent aller se faire couper les cheveux en suisse voisine, acheter leurs étagères chez Ikéa, ou leur plants de tomate à la Coop. MAIS… mais s’il n’ont pas de permis de travail ou de laisser-passer "prioritaire soignants" c’est "niet ! à la frontière !".
 
Là, en plein cœur de l’agglomération, les barrières douanières sont de retour. "Parfois on a même à faire à des gardes-frontière suisse-allemand… Comme ça, on est sûr qu’ils ne nous comprennent pas. Impossible alors de leur faire entendre que votre petit ami habite à 200 mètres !" peste Annick.
 


Cette quinquagénaire a ses habitudes à Genève, "ne serait-ce qu’aller pique-niquer au bord du lac durant la journée. C’était possible durant le confinement. Enfin… si tu montrais patte blanche. En fait, c’est comme si tu étais devant la vitrine d’une boulangerie ouverte… mais pas pour tout le monde ! ».

Hors depuis plus de 20 ans, Genève et Annemasse ont considérablement accéléré la construction de cette agglomération unique en son genre. Elle s’appelle "Le Grand Genève" et elle est symbolisée par son RER inauguré en décembre dernier : Le Léman Express.
 
Sitôt inauguré, sitôt en difficulté. Les grèves contre la réforme des retraites avaient déjà fait apparaître les différences réglementaires de part et d’autre de la frontière. Ainsi, les trains de Genève à Annemasse pouvaient certains jours s’arrêter à la dernière station du territoire genevois pour respecter le droit de grève en France. "Ici, tout est à l’avenant" dit Catherine qui travaille aux Hôpitaux Universitaire de Genève : "il faut savoir ce qui est permis d’un côté, interdit de l’autre, obligatoire ici, encouragé là".

 

En suisse on ne préconise pas le port du masque dans les transports en commun


En la matière, le meilleur des symboles est encore le Léman Express à l’heure du Coronavirus. En Suisse on ne préconise pas le port du masque dans les transports en commun. En revanche on demande aux gens de respecter deux mètres de distance. En France, le port du masque est obligatoire dans le Léman Express mais un mètre entre chaque personne suffit !
 

"On a dû créer des pictogrammes spéciaux pour rappeler tous cela", explique Mario Werren le directeur de Lémanis, la société qui gère ce RER transfrontalier.

Quoi qu’il en soit, la baisse de fréquentation du RER est évidente en cette première semaine de déconfinement français. "J’en ai fait le constat lundi matin... 100 personnes seulement dans des rames qui peuvent en contenir jusqu’à 400. Au moins l’atmosphère était sereine !" sourit Mario Werren.

Beaucoup de frontaliers ont donc repris leur voiture et les bouchons sont de retour. "Rajoutez à cela que seulement 12 des 32 entrées à Genève sont ouvertes et que le contrôle des laissez-passer est quasi systématique" se désespère Christian Dupessey, le maire d’Annemasse.

Mais ce qui cristallise son attention, c’est surtout "La voie Verte".
 

Cette véritable autoroute à vélos a connu un succès immédiat... avant le coronavirus. Plus de 4 000 pendulaires l’utilisaient tous les jours entre Genève et sa banlieue. Or, voici que des plots en béton et du grillage la coupe en deux aujourd’hui totalement. "Un mini mur de Berlin !" pour cet habitant qui a sa maison à proximité.
 

"Comme il n’y a jamais eu de guérite de contrôle, ici en plein cœur de l’agglo, il a fallu tout bonnement couper la voie verte".

Le président de l’Etat de Genève et le maire d’Annemasse sont pourtant d’accord. Le symbole est trop fort pour ne pas rouvrir au plus vite cette piste cyclable : "c’est quand même 3 à 4 000 voitures en moins dans l’agglo tous les jours, mais c’est surtout la preuve que nous ne faisons qu’un seul et même territoire".
 

Problème : ce ne sont pas eux qui décident, mais Paris et Berne. Des discussions sont en cours, nous dit-on, pour régler une situation unique en son genre en Europe.

En attendant, les habitants de l’agglo franco-genevoise se sont reportés sur le tram. La ligne Genève-Annemasse, elle aussi ouverte récemment, fait le plein. Ce qui inquiète d’ailleurs un peu les autorités sanitaires. Du coup, les haut-parleurs du tram rappellent au passage à la frontière (au milieu de l’agglo) que les règles de distanciation sociale entre Genève et Annemasse ne sont pas tout à fait les mêmes… au temps du Coronavirus.

 
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