Aurélien Ducroz est l'invité ce week-end du 2 avril de l'Xtreme de Verbier dans le Valais Suisse. Celui qui glisse avec bonheur du ski à la voile y a déjà triomphé quatre fois. L’Xtreme de Verbier sur le légendaire " Bec des Rosses "est considéré comme le summum des compétitions de freeride.
Dévaler les pentes ou avaler les milles nautiques, descendre à l'étroit ou remonter au près, affaler la grand voile ou affoler les compteurs,
A 33 ans, le Chamoniard, double champion du monde de freeride, navigue à vue et à vie entre ses deux passions, le ski extrême et la course à la voile, avec le désir à chaque fois de s'approcher des sommets.
S'il a un peu mis en veilleuse sa carrière de freerider depuis 2013, le fils de guide de haute montagne ne manquerait pour rien au monde le rendez-vous de Verbier, où les meilleurs de la planète se retrouvent pour la finale du circuit mondial.
Arrivé jeudi de son repaire de La Joux, à côté d'Argentière en Haute-Savoie, il repartira dès lundi matin, direction Pornichet (Loire-Atlantique) pour y disputer du 17 au 19 avril sur son Diam 24, un petit trimaran de 7,25 m, le Grand prix de l'Atlantique, première étape de sa préparation en vue du Tour de France à la voile (TDF). Ainsi va la vie du Haut-Savoyard, au fil de l'eau et des marées dès que revient le printemps et dans la griserie d'une descente idéale quand la neige s'en mêle.
"Le ski finance la voile"
"Depuis deux ans, je me consacre beaucoup plus à la voile mais, de façon étonnante, depuis que j'ai quitté le circuit de freeride, j'ai plus de temps pour skier donc j'arrive ici en forme", confie-t-il. Sous contrat avec Dynastar pour les skis et Helly Hansen, spécialiste à la fois des textiles marins et de neige, Ducroz a "la chance de gagner (sa) vie grâce au freeride".
"En plus de mes contrats avec mes sponsors, je produis des vidéos pour les marques et pour l'instant, je dois dire que le ski finance la voile", ajoute-t-il. S'il vient de renouveler un partenariat avec Coved, entreprise de recyclage, filiale de la Saur, pour les éditions 2016 et 2017 du Tour de France, il cherche encore "un deuxième gros complément de budget".
Avec ses deux équipiers Olivier Backes (à la barre) et Laurent Voiron, il a terminé l'an passé à la 9e place de l'épreuve. "Nous visons un budget de 180.000 euros, l'an passé nous l'avons fait avec seulement 60.000 euros, ce qui a amputé notre préparation. Si on atteint 150.000 euros, ce sera top".
"Rêve de Vendée Globe "
Avec une 4e place sur la Transat Jacques-Vabre en 2013 et une bonne expérience dans les classes Mini, Figaro et Imoca, ce père de deux enfants espérait décrocher un budget pour prendre le départ du prochain Vendée Globe, le 6 novembre, son objectif avoué.
"J'ai tout fait pour que ça marche. Depuis trois ans, j'ai démarché, cherché un bateau, explique-t-il. En 2012, avec Sébastien Josse, on a monté un dossier. j'ai couru la Jacques-Vabre 2013, préparé la Route du Rhum 2014. J'ai aussi voulu participer à la Barcelona Race, mais ça n'a pas marché".
"L'idée c'est de repartir, viser la Jacques-Vabre et la Route du Rhum en 40 pieds car en Imoca c'est plus compliqué et à terme, c'est vraiment de prendre le départ du Vendée".
"Les budgets dans le ski et la voile n'ont rien à voir, les réseaux ne sont pas les mêmes, c'est une démarche très différente". "Mais, ajoute le skippeur/skieur, la crédibilité commence à se construire et il y a de l'intérêt" chez les partenaires démarchés. Celui qui peut aussi compter sur l'aide et les conseils de son "copain" François Gabard, dernier vainqueur du Vendée Globe, "apprend très vite", confie le Marseillais Olivier Backes, 4e aux jeux Olympiques d'Athènes en Tornado avec Laurent Voiron. "De par son expérience du haut niveau en ski, il sait où sont les risques et où sont les limites". Ce qui lui manque encore ? "Naviguer, encore naviguer". Aurélien Ducroz n'en finira donc pas de larguer les amarres.