PORTRAIT. UTMB 2023 : Catherine et Michel Poletti, "cerveaux gauche et droit" d'une course devenue mythique

L'ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB), dont le départ sera donné ce vendredi 1er septembre, célèbre cette année sa 20e édition. En deux décennies, la course chamoniarde de 160 km et 10 000 mètres de dénivelé positif s'est imposée comme la plus grande épreuve de la discipline. Derrière ce succès, un couple : Michel et Catherine Poletti.

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Il est près d'une heure du matin et une foule compacte s'est rassemblée dans les petites rues de Courmayeur. La ville italienne est le point de départ, ce mardi 29 août, de la TDS, une course d'ultra-trail de 140 km, en marge de l'Ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB). Devant la première rangée de coureurs emmitouflés dans leur cache-cou et veste imperméable, une petite femme vient saluer les athlètes "élite". Une petite tape dans la main en guise d'encouragements et surtout un rituel pour Catherine Poletti, figure à l'origine de l'UTMB. 

L'UTMB, course iconique de l'ultra-trail, est né à Grenoble. L'épreuve, qui fête ses 20 ans en 2023, est née d'un couple d'étudiants tombés amoureux en 1974 sur les bancs de la fac de Saint-Martin-d'Hères, en périphérie de la capitale des Alpes. Catherine est alors étudiante en droit. Michel étudie les mathématiques et l'informatique en sciences sociales : "J'ai rencontré ce garçon en cours de sociologie. Et je me suis prise à bien aimer la sociologie", avoue Catherine, grand sourire. "Mais surtout : on faisait grève", résume Michel, le sourire en coin.

"C'était l'époque post-mai 68. En tant qu'étudiants, nous avions toujours un truc pour lequel on était contre. On ne savait pas trop pourquoi on était contre, mais on l'était, poursuit-il. On s'est retrouvés dans une grève où on vendait des crêpes. Le but était de financer un voyage pour aller manifester à Paris."

Cerveau gauche et cerveau droit

Deux ans et quelques crêpes plus tard, les deux grévistes emménagent ensemble et enchaînent les petits boulots : "Au début, on était pions. On était surveillants pour remplir la marmite et nous permettre de faire ce qu'on voulait à côté et payer nos études", se souvient Catherine. Le couple rejoint ensuite Chamonix, terres d'origine de Michel et décide d'ouvrir un magasin de musique. Vinyles, CD, cassettes, DVD, mais aussi consoles et jeux vidéos... La petite adresse est prisée par la jeunesse chamoniarde : "Ça a duré dix ans, puis nous avons vendu le commerce, ça devenait trop difficile de rester indépendants dans ce domaine."

On est tellement complémentaires, que, parfois, ça fait des étincelles.

Catherine Poletti.

Les Poletti ont toujours travaillé ensemble. Main dans la main, ils ont ensuite fondé une société d'informatique. "On a un cerveau gauche et un cerveau droit dans notre couple. Je suis plus le cerveau gauche : rationnel, organisé. Elle est plus le cerveau droit : émotionnelle et avec beaucoup d'intuitions et d'ambitions", explique Michel.

"Ce que je n'ai sûrement pas dans ma personnalité, Michel doit l'avoir", complète Catherine. "On est tellement complémentaires, que, parfois, ça fait des étincelles. Il ne faut pas se leurrer, ça nous arrive de se chamailler."

Le général Bachelard et Internet

Le tournant des Poletti intervient à la fin des années 90 et au début du nouveau millénaire. En 1999, l'incendie du tunnel du Mont-Blanc marque la vallée : 39 morts et de nombreuses conséquences. Les liaisons entre la France et l'Italie deviennent difficiles. Et une certaine course, qui consistait à faire le tour du gros caillou en relais de sept coureurs, cesse finalement d'exister.

"En 2002, à la réouverture du tunnel, l'organisateur a essayé de relancer l'épreuve. Ça n'a pas marché et ça a profondément énervé le président du club d'athlétisme de Chamonix, René Bachelard". Le général Bachelard n'est pas un homme à énerver : "Il était tellement agacé qu'il m'en parlait quand je le croisais dans la rue. De fil en aiguille, on a fait une réunion à ce sujet au cours de laquelle on s'est dit qu'il fallait créer quelque chose autour du Mont-Blanc."

Les époux Poletti, René Bachelard et Jean-Claude Marmier, dernier cerveau à l'origine de l'UTMB, tombent d'accord sur les modalités de la nouvelle épreuve dans une chambre du Faucigny, un discret hôtel situé derrière la mairie de Chamonix.

L'idée du quatuor correspond à l'émergence d'Internet, un domaine à la portée des Poletti : "En 2003, ce sont les débuts des sites web. Dans la famille, nous avons vraiment un 'background informatique' important. On avait dès 2002, la volonté de créer un site internet pour la course. La promotion de cette première édition s'est faite sur Internet et je suis persuadé que c'est un fait marquant de la course." Michel Poletti a vu juste : la première édition ramène quelque 700 participants, quand le couple n'en attendait que 300.

On est devenu l'équivalent du marathon de New York pour le trail.

Michel Poletti.

La première édition est un succès. Michel Poletti vit son rêve : organiser une course autour du Mont-Blanc et y participer : "Avec René Bachelard et Jean-Claude Marmier, on avait prévenu Catherine qu'elle serait la directrice de course. Puisque, pour nous, c'était sûr : on voulait la courir cette épreuve." Au final, le Chamoniard s'est aligné au départ de l'UTMB à huit reprises. "J'ai dû abandonner une seule fois. Mon meilleur chrono est de près de 28 heures en 2005. J'ai terminé 42e pas loin de Lizzy Hawker, qui l'avait remporté chez les femmes. J'étais plutôt très satisfait."

Depuis la première édition, la course a évolué. Elle rassemble désormais près de 10 000 coureurs sur une dizaine de courses différentes : "On est devenus l'équivalent du marathon de New York pour le trail", compare Michel. L'UTMB s'est même exporté à l'international avec un circuit labellisé, des courses à suivre en direct sur YouTube, des classements internationaux...

Les Poletti aussi ont évolué au fil de ce succès. Ces dernières années, Catherine et Michel se sont petit à petit retirés de l'organisation de l'UTMB, au profit de leurs enfants. Une manière de passer le relais autour du Mont-Blanc.

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