L'ultra-traileur Jim Walmsley s'apprête à prendre le départ de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc ce vendredi 1er septembre, une épreuve qui fuit l'Américain depuis sa première participation en 2017. Cette année, l'Américain, installé en Savoie pour préparer au mieux sa course, se présente comme l'un des favoris de cette 20e édition.
La foulée aérienne, le regard plein d'assurance et une aisance déconcertante dans les montées. À quelques jours du top départ de l'Ultra-trail du Mont-Blanc 2023, l'Américain Jim Walmsley se montre plus que jamais prêt à accomplir son rêve : remporter la plus prestigieuse des courses d'ultra-trail au monde.
Depuis le retrait de Kilian Jornet, quadruple vainqueur de l'épreuve et tenant du titre, le coureur de Flagstaff est devenu un des grands favoris de cette 20e édition : "Je me sens confiant. C'est une période excitante", glisse-t-il en plein stage de préparation à Val Thorens.
Jim Walmsley figurait déjà parmi les favoris en 2022. Un rôle assumé dès les premiers kilomètres de course où il s'était échappé dans la nuit. Après plusieurs heures d'épreuve, il avait pris la tête et comptait même, par moments, près d'une vingtaine de minutes d'avance sur la légende de l'ultra-trail Kilian Jornet.
Mais au petit matin, les spectateurs retrouvent l'Américain à l'arrêt, épuisé par l'effort, titubant dans la montée vers La Giète, après plus de 135 kilomètres de course. Un coup de massue qui permet à ses concurrents de le dépasser. L'Américain rejoint finalement Chamonix en quatrième position, au pied du podium.
Changer de vie
"J'espère pouvoir dire que plus je vais loin dans la course, plus je me sens fort. Mais parfois ce n'est pas le cas. Si mon estomac va bien et que je suis capable de manger, alors je peux arriver à maintenir mon énergie et parcourir de longues distances", explique-t-il près d'un an plus tard, prêt à repartir au charbon.
L'Américain au physique longiligne s'était donné deux ans pour s'imposer autour du Mont-Blanc : "J'ai beaucoup réfléchi et je pense que c'est la dernière année pendant laquelle je me focalise sur l'UTMB. J'espère que je m'alignerai sur cette course à plusieurs autres reprises, parce que j'aime beaucoup la région. Mais peut-être que je reviendrai avec moins de pression à l'avenir."
Ce n'est pas la course la plus difficile, ni la plus technique, ni celle où l'on peut avoir le meilleur rythme. Mais elle rassemble les coureurs les plus talentueux au monde.
Jim Walmsley.
La course chamoniarde est une obsession pour le coureur depuis sa rencontre avec l'épreuve en 2012. Alors âgé de 22 ans, le natif d'Arizona passe des vacances en Haute-Savoie : "J'ai assisté à la course en tant que simple spectateur et je me souviens avoir ramené un flyer de la course à la maison. Je m'étais dit que cette course était folle, mais venant de la piste, je ne me voyais pas du tout faire cette course un jour. C'est marrant de voir comment le monde change."
Depuis, cette épreuve est devenue "un rêve" : "Ce n'est pas la course la plus difficile, ni la plus technique, ni celle où l'on peut avoir le meilleur rythme. Mais elle rassemble les coureurs les plus talentueux au monde. C'est devenu la course la plus internationale et la plus compétitive de notre sport. Et j'aime faire face aux plus grands champions."
Des débuts sur les skis
Pour s'y préparer, le coureur est venu s'installer, l'année dernière, dans le Beaufortain avec sa compagne. Un choix de vie pour se dévouer entièrement à son objectif. L'Américain est arrivé dans le massif savoyard sans grande connaissance de la langue ou de la région. En quelques mois, il a beaucoup appris sur son nouvel environnement : "La manière dont vivent les gens dans les Alpes et dans le Beaufortain, c'est quelque chose d'unique. Ici, la vie est douce et belle. C'est un très beau mode de vie dans la vallée. Les gens s'adaptent à ces montagnes, ils y vivent et y restent au fil des saisons. Ça nous pousse à observer les montagnes d'une autre façon qu'aux États-Unis."
Jim Walmsley s'est également adapté aux hivers de la Savoie : "Je n'ai pas grandi en faisant du ski", sourit le coureur, habitué jusque-là aux canyons et aux étendues arides de l'Ouest américain. "Les descentes avec les skis de randonnée très fins ont été un peu difficiles pour moi." Un obstacle qui n'a pas empêché l'athlète de se positionner sur plusieurs compétitions et de notamment remporter le classement général de 13 courses verticales organisées cet hiver à Courchevel. Des débuts "encourageants" pour ce novice...
Un voisin particulier
Son installation au fin fond du Beaufortain lui a permis de se rapprocher d'un de ses amis, François D'Haene, quadruple vainqueur de l'UTMB. Les deux coureurs, installés près d'Arêches, partagent quelques sorties en montagne et de précieux conseils : "On discute beaucoup et on s'entraîne ensemble. Je l'admire beaucoup. Ses capacités à se déplacer en montagne sont magnifiques, il sait gérer sa fatigue. J'ai l'impression qu'il ne perd pas beaucoup de temps et d'énergie, là où, parfois, j'ai l'impression de faire plein de petites erreurs."
"J'essaye d'apprendre comment il fait les choses, de le copier et de m'améliorer dans ce sens. Il est déjà venu plusieurs fois aux États-Unis depuis un peu plus de six ans. Ça nous a permis de devenir de bons amis. J'aime beaucoup notre relation", poursuit-il.
Cette relation de voisinage pourrait bien perdurer, même après cet UTMB 2023 : "On essaye d'envisager comment on va pouvoir partager notre temps entre les Etats-Unis et la France. Nous avons obtenu un visa longue durée, donc on peut voyager à l'étranger en toute légalité. Ça a été un problème l'année dernière. Mais désormais, nous sommes devenus très familiers avec la vie à Arêches. C'est un bel endroit", avoue-t-il. Un lieu avec le Mont-Blanc en toile de fond.