Pour la première fois en plein hiver, le trio d’alpinistes, Charles Dubouloz, Symon Welfringer et Clovis Paulin a réalisé l’ascension de la Directissime de la pointe Walker, sur la face nord des Grandes Jorasses, dans le massif du Mont-Blanc. Comme son nom l’indique, il s’agit de la voie la plus directe pour atteindre le sommet, situé à 4 208 mètres d’altitude.
C’est un véritable exploit qu’a réalisé un trio d’alpinistes français : ce lundi 13 février à 13h30, Charles Dubouloz, Symon Welfringer et Clovis Paulin ont atteint le sommet des Grandes Jorasses par la directissime de la pointe Walker, après cinq jours et quatre nuits d’efforts. Il s’agit de l’une des ascension les plus difficiles du massif du Mont-Blanc, la voie la plus directe pour atteindre le sommet.
En réalisant cet exploit, les trois amis entrent dans la légende, car personne n’avait osé grimper cette voie depuis son ouverture, à l'été 1986, par les deux alpinistes : Patrick Gabarrou et Hervé Bouvard. Invité sur le plateau de France 3 Alpes, Charles Dubouloz nous raconte les coulisses de leur aventure : "C’est un projet qui me trottait dans la tête depuis longtemps et puis un jour tout s’aligne, les conditions météo, la disponibilité des copains... Alors on se lance !"
Grimper à mains nues et en chaussons d’escalade
Alors les trois alpinistes, Charles, Symon et Clovis partent à l’aube de Chamonix ce jeudi 9 février. Objectif : la directissime de la pointe Walker située à 4 208 mètres d’altitude. Des conditions extrêmes, car les températures avoisinent les -25 degrés et c’est dans cette ambiance glaciale qu’il faut gravir les 1700 mètres de roche et de glace tout droit ou presque : "C’est une ascension hivernale avec toutes les difficultés que cela comprend. Il fait froid, les créneaux de jour sont très faibles. Parfois, on grimpe dans la glace avec nos piolets, nos crampons, et de temps en temps, on se remet en chaussons d’escalade et on grimpe à mains nues sur le rocher. C’est très inconfortable, c’est rustique cet alpinisme hivernal, mais nous, c’est ce que l’on aime et c’est ce que l’on va chercher dans ces faces."
Des moments de doute
"Nous avons beaucoup douté, notamment sur l’itinéraire parce que l’on avait très peu d’informations, il y a des moments où l’on se demandait, est-ce que l’on est bien dans la ligne, est-ce que l’on n’est pas dans un point de non-retour."
Charles Dubouloz se souvient d’un moment où ils se sont retrouvés au pied d’un mur de 150 mètres : "On s’est retrouvé face à un énorme bouclier rocheux. Nous, les alpinistes, on cherche une ligne de faiblesse dans le rocher et là, on ne trouvait rien, c’était un miroir de dalle. Donc on a demandé une visio avec Hervé Bouvard, il nous a pris, mais il n’a pas pu nous aider", plaisante l’alpiniste.
Entrer dans la légende
La cordée mettra 5 jours et 4 nuits, des nuits où ils bivouaquent à flanc de paroi, avant d’atteindre le sommet ce lundi 13 février à 13h30, gravant ainsi leur exploit dans l’histoire de l’alpinisme : "partager ça avec deux amis, deux grimpeurs que je considère comme exceptionnels, c’est génial... Voir le soleil au sommet tous les trois, c’est vraiment chouette", avant de conclure, "Quand on fait ce genre d’aventure, c’est sûr que l’on met du temps avant de réaliser tout ce que l’on a fait, toute l’énergie et la détermination que l’on a mis dedans, pour l’instant, je suis encore un peu là-haut."