La pandémie de Covid 19 n'épargne aucun secteur. Moins de consommateurs, moins de touristes, en Haute-Savoie les stocks de fromages enflent chez les producteurs. La filière a donc diminué de 20% la production de lait.
C'est un véritable crève-coeur pour Cédric Dussollier.
À une période de l'année où la production de son Gaec connaît un pic, cet agriculteur haut-savoyard n'a pas le choix, il doit diminuer sa production.
Cette année, une partie du lait fourni par ses 45 vaches ne rejoindra pas la coopérative pour laquelle il travaille.
"On nous a imposé de diminuer de 20% la production puisque depuis le début du confinement, les ventes de fromages de Savoie se sont écroulées. Il n'y a plus de débouchés vers les restaurants, les centrales d'achats..." explique-t-il.
Pour cet exploitant, cela signifie très concrètement de produire 200 litres de lait en moins par jour.
"D'habitude,on arrête de traire nos vaches deux mois pendant leur vêlage et là, du coup, on le tarit trois mois".
Cédric Dussollier fait partie des 35 producteurs qui livrent leur lait à la coopérative de Parmelan-Glières qui fabriquent ensuite du Reblochon. En moyenne 11 000 fromages conçus et affinés pendant 21 jours.
Mais sans touristes, ni restaurateurs pour les acheter en ce moment, les stocks sont très importants.
Selon Albert Hofer, trésorier de la coopérative, "on ne peut pas se permettre de produire du Reblochon aujourd'hui pour le vendre dans trois mois. Il faut donc diminuer la fabrication et mettre une partie du lait en dégagement pour faire du lait en poudre"
Dans la zone d'AOC du Reblochon, à cette époque de l'année, le lait est payé 450 euros les 1000 litres. Le lait transformé en poudre, 200 euros. L'impact financier sera donc très important pour les producteurs.
Au Gaec "Des douceurs de la ferme", Cédric Dussollier et son épouse Aline s'en sortent pour l'instant grace à la vente en direct. Une nouvelle clientèle a en effet découvert les circuits courts et la demande a explosé.
Voir le reportage d'Ingrid Pernet-Duparc et Serge Worreth