Le premier coup de pioche de ce méga-chantier ferroviaire entre Suisse et France a été donné ce mardi 14 novembre 2011.
Ce 15 novembre, à Genève, coup d'envoi officiel du chantier du CEVA, le réseau ferroviaire transfontalier, en présence des autorités genevoises et du ministre français des transports, Thierry Mariani. CEVA -pour "Cornavin-Eaux-vives-Annemasse", une ligne digne d'un RER.
Cette ligne ferroviaire, appelée CEVA, soit les initiales des 3 gares reliées (Cornavin, Eaux-Vives côté suisse et Annemasse, côté français), doit entrer en service d'ici à 6 ans, plus de 100 ans après le lancement officiel en 1912 d'un projet de ligne entre les deux agglomérations.
Le premier coup de pioche symbolique de ce chantier, qui coûtera 1,5 milliard de francs suisses (1,25 milliard d'euros) au contribuable suisse et 240 millions d'euros au contribuable français, a été donné par la ministre suisse en charge des Transports Doris Leuthard, secondée par des élus genevois, ainsi que Jean-Jack Queyranne, président du Conseil régional Rhône-Alpes.
"Je peux vous assurer que CEVA ira bien jusqu'à Annemasse", et ne s'arrêtera pas à la frontière franco-suisse, a assuré Jean-Jack Queyranne, levant ainsi une incertitude quant au financement français, qui n'était pas sûr qu'alors.
"Nous sommes arrivés à un accord côté français, et je vous confirme l'engagement de l'Etat français dans ce projet", a assuré M. Queyranne, provoquant des applaudissements d'approbation enthousiaste du public venu nombreux assister à l'événement.
CEVA, a encore indiqué M. Queyranne est symbolique de la "nouvelle dimension métropolitaine de Genève", une ville autour de laquelle se construit "une grande agglomération transfrontalière".
De son côté, Mme Leuthard a indiqué que CEVA sera le "pivot d'une offre de trafic régional", permettant de relier les villes françaises d'Annecy, Bellegarde, Evian, Thonon les Bains, vers Genève, Lausanne et Berne. "C'est une région parmi les plus dynamiques d'Europe et il ne faut pas qu'elle souffre de congestion au niveau du trafic", a ajouté Mme Leuthard.
Pour sa part, Mark Muller, président de l'exécutif genevois, a indiqué qu'avec CEVA, qui ressemble à un métro, "Genève devient une grande ville, qu'on pourra traverser en train et où il y aura moins de voitures". La ville, a-t-il rappelé, a créé ces dernières années, des "dizaines de milliers d'emplois, et beaucoup de personnes ont été obligées de s'installer dans le canton voisin de Vaud ou en France".
CEVA va faciliter leurs transports et désengorger le trafic automobile, souvent surchargé. Ce train va supprimer "l'effet frontière" et permettra de se rendre de Genève en Haute-Savoie sans changer de train.
La ligne va mettre en interconnexion 230 km de voies ferrées de la région ainsi que 40 gares, réduisant ainsi considérablement les temps de trajet. Il ne faudra plus que 2h07 pour relier Annemasse (Haute-Savoie) à Berne, contre plusieurs heures actuellement, ou 1h17 entre Evian et Genève-Aéroport.
Le trafic passagers dans cette région devrait être multiplié par 4 selon les estimations des responsables du projet. Genève "change de catégorie et va devenir une grande ville", selon eux.
Actuellement, il existe une voie ferrée entre Annemasse et la gare des Eaux-Vives de Genève, soit sur la rive gauche du Lac Léman. Pour passer rive droite, où se situe la gare Cornavin, la principale gare genevoise, d'où partent les trains vers le reste de la Suisse et aussi le TGV vers Paris, il faut prendre le tram, le bus ou la voiture.
CEVA aura une longueur de 16 km, dont 14 km sur le territoire suisse. Entre les deux gares d'arrivée et de départ (Cornavin et Annemasse) il y aura 5 gares, anciennes et nouvelles, dont l'architecture a été confiée aux Ateliers Jean Nouvel.