Grâce à la mobilisation de plusieurs Haut-savoyards, les neuf joueuses de l’équipe ukrainienne de baskets ont réussi à fuir leur pays. Trois d’entre elles sont arrivées en France ce samedi 5 mars et sont hébergées chez une famille d’accueil à Thyez, en Haute-Savoie. Le reste de l’équipe doit arriver de Cologne ce lundi.
Après plus de dix jours de périple à travers l’Ukraine, la Roumanie et la Pologne, Olena, Anna et Pasiko peuvent enfin souffler. Ce samedi 5 mars, à 20h, elles ont atterri en France à l’aéroport Saint-Exupéry de Lyon. Du côté des arrivées, Bettina Lalliard et son mari les attendaient avec un panneau "bienvenue".
Ce couple de haut-savoyards ne connaissait pas les trois jeunes femmes, membres de l'équipe féminine du club de basket d'Ivano-Frankivsk, qui joue dans la Superleague ukrainienne. Mais ils ont répondu à l’appel de Carmelo D'Agostino. Ce restaurateur italien avait lancé un appel sur les réseaux sociaux pour trouver un hébergement temporaire à l’équipe, en attendant qu’il meuble son local situé près d’Annemasse pour accueillir tout le monde pendant plusieurs mois.
A leur arrivée à l’aéroport, Anna et Pasiko Hvichiani, deux sœurs âgées de 22 et 21 ans, et leur coéquipière Olena Teteruk , 37 ans, ont donc pris la route avec la famille Lalliard pour rejoindre leur domicile. "On venait tout juste de terminer la construction de deux chalets sur notre terrain pour les louer aux touristes, explique Bettina, qui a pris soin d’acheter des vêtements et de remplir les frigos avant l’arrivée des Ukrainiennes. C’était le destin. Elles vont être bien là-bas".
Sur le coup, la mère de famille ne savait pas trop comment aborder les jeunes femmes. Mais grâce à l’anglais, la conversation s’est vite engagée. Dimanche, après une bonne nuit de sommeil, tout le monde a partagé un petit déjeuner dans la bonne humeur. "J’avoue que vu ce qu’elles ont vécu, je m’étais préparée à tout, reconnaît Bettina jointe par téléphone en fin de matinée. Et là c’est très surprenant, elles sont très souriantes. Peut-être que leur mental de sportives leur permet de mieux encaisser la situation ?"
"Nous avons été très bien accueillies par ces gens, grâce à eux on se sent comme chez nous, témoigne Pasiko Hvichiani, la plus jeune des joueuses. Nous sommes en sécurité et nous avons enfin l’esprit tranquille pour pouvoir aider notre famille restée en Ukraine".
Pasiko et Anna ont laissé leurs parents et leur petite sœur, âgée d’un an, à Kharkiv, l’une des villes bombardées par l’armée russe. "Ma mère ne voulait pas prendre le risque de fuir avec le bébé, la route était trop longue et incertaine. Là au moins, elle a deux de ses filles à l’abri et nous allons pouvoir lui envoyer de l’argent pour l’aider".
Le reste de l’équipe de basket devrait arriver ce lundi 7 mars à l’aéroport de Cologne. Toutes les joueuses passeront une dernière nuit chez Bettina et son mari, avant d’être transférées au collège Montessori des Aiglons à Cruseilles. Elles y seront hébergées pendant quinze jours, le temps que le pizzaïolo Carmelo D'Agostino finalise la préparation du local qui les accueillera à terme.
Ce dernier se dit même prêt à les embaucher dans son nouveau restaurant. Une proposition qui intéresse particulièrement la jeune Pasiko, qui souhaite "trouver un job" pour envoyer au plus vite de l’argent à sa famille "mais aussi pour aider financièrement l’armée ukrainienne".