Haute-Savoie : la pénurie d'essence aggravée par l'écart de prix avec la Suisse

Plus ou une goutte ou presque dans les stations près de la frontière avec la Suisse, où l'essence est plus chère que dans l'Hexagone. Un automobiliste helvète a été gravement blessé mercredi dans une file d'attente, le préfet de Haute-Savoie appelle au civisme.

A-t-il tenté de doubler ou n'a-t-il pas compris le sens de la file ? Mercredi après-midi, à la station Intermarché de Saint-Julien-en-Genevois, la tension dans la file d'attente à la pompe s'est soldée par une tentative de meurtre. Un père de famille suisse a été poignardé, devant ses enfants, d'au moins 6 coups de couteau, par un autre automobiliste qui ne supportait pas d'être doublé. Originaire de Saint-Julien, l'agresseur âgé de 20 ans a été mis en examen et incarcéré à la maison d'arrêt de Bonneville. 

Quant au jeune père de 33 ans, il a été transporté à l'hôpital de Genève avec un pronostic vital engagé. Il est, depuis, sorti d'affaire. 

L'agression est révélée au cœur d'un weekend marqué par des difficultés grandissantes pour faire le plein, pour cause de grève persistance dans les raffineries

Et la pénurie est plus criante encore en Haute-Savoie : en Suisse, juste de l'autre côté de la frontière suisse, le litre de carburant dépasse les 2 euros.  

Pompes hors-service

Résultat, ce dimanche matin près de Genève, côté français, les pompes sont hors-service. Et les clients, dépités. "C'est la 3ème que je tente, déplore une dame avec un bidon. Sans aucun succès. C’est pour la moto de mon fils qui ne peut pas se déplacer parce qu'il n’a plus assez, il va falloir continuer à chercher". 

Gilles, au volant de sa voiture de fonction, surveille sa jauge : " il reste 3 traits. Pas énorme, en plus on a des contrats avec Total donc je suis obligé de toutes les tenter. Je vais en faire encore une ou deux après j'arrête, c'est horrible. Je vais prendre mon vélo". 

Je suis presque sur la réserve. C’est comme ça malheureusement, on est obligé de faire avec. Trouver de l'essence ce matin, c'est un vrai challenge.

Un automobiliste à la pompe, à Saint-Julien-en-Genevois

L'essence hors de prix en Suisse

Dans ces stations frontalières, on a l'habitude de voir des plaques d'immatriculation suisses, surtout depuis quelques mois : "le gasoil est à 2 francs 40 là-bas, confirme une automobiliste helvète en train de faire le plein. Alors comme je passe par là, et je profite".  

La presse suisse a remarqué elle aussi ce ballet d'automobilistes en recherche de bonnes affaires : de l'autre côté de la frontière, les ventes sont en chute de 15%.  En août déjà, le sénateur UDI de Haute-Savoie Loïc Hervé s'agaçait : "il ne faut pas qu'on aide les riches, il ne faut pas qu'on aide nos amis Suisses". De quoi s'attirer cette réponse cinglante d'un conseiller d'état genevois, Mauro Poggia : "les Français viennent travailler en Suisse, pourquoi les Suisses n’achèteraient-ils pas leur essence en France ?"

Une des solutions, c’est sans doute la convergence des tarifications entre pays voisins. Du fait du taux de change et de la ristourne à la pompe, évidemment le différentiel est considérable. Ce qui fait que vos voisins et amis suisses sont très tentés de venir faire le plein en France.

Loïc Hervé, sénateur UDI de Haute-Savoie

Deux mois plus tard, Loïc Hervé dit comprendre "nos voisins et amis suisses". Il en appelle surtout au gouvernement français : "dans une période de crise où l’Etat injecte massivement 7.9 milliards d’euros en 6 mois pour faire baisser les prix, clame-t-il, on peut aussi exiger de l’industrie pétrolière de jouer le jeu. Ce n’est pas seulement dire, je baisse de 20 centimes de plus pendant quelques mois. C'est aussi comment on apporte du carburant aux français pendant une période critique".

Si des préfectures ont mis en place des mesures de restriction, dans le Nord et en Picardie notamment,  le préfet de Haute-Savoie s'en tient à un appel au civisme.   

En attendant, on trouvait aussi ce dimanche quelques Français dans les stations service suisses, faute de pouvoir remplir leurs réservoirs en France. "Je n'ai pas mis le plein et j’en ai déjà pour 32 euros, se désole ainsi une jeune femme qui a besoin de sa voiture pour travailler. Pas le choix, je suis obligée"

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