Impact écologique, sécurité... Le vrai du faux sur le chantier à la station du Grand-Bornand (Haute-Savoie)

Certains habitants du Grand-Bornand (Haute-Savoie) s'inquiètent des travaux en cours dans la station qui surplombe leur commune. Des militants se sont fait entendre sur les réseaux sociaux en diffusant un message, avec plusieurs contre-vérités dans le lot.

Musique dramatique et message alarmiste : tous les ingrédients sont réunis pour que la vidéo devienne virale. La page Facebook "Sauvons Le Lachat du Grand-Bornand de la destruction" a publié une courte séquence, dimanche 15 septembre, où on voit pelleteuses et engins de chantier en train de mener des travaux d'ampleur dans la station de ski haut-savoyarde. Une vidéo vue plus de 60.000 fois et partagée par un millier d'internautes.

Dans cette publication, un groupe d'habitants du Grand-Bornand s'inquiète de l'ampleur du chantier en cours, invoquant différents arguments notamment environnementaux pour demander des comptes à la commune. Quels sont les risques ? Qu'en disent les principaux acteurs des travaux ? On démêle le vrai du faux.
 


 

  • C'est quoi ces travaux ?


Le chantier avance bon train depuis la fin de l'hiver 2018 à la station du Grand-Bornand. L'objectif : faire disparaître le télésiège des Gettiers (déjà rayé de la carte) et son voisin des Outalays pour construire une nouvelle infrastructure. Le télésiège Les Charmieux, d'une capacité de six places, remplacera ces deux anciennes installations dès le début de la saison de ski 2019.

Pour le directeur des remontées mécaniques, l'impact sera minimisé : "Il y avait 30 pylônes avant dans ce secteur et après il n'y en aura plus que 9, donc il y a une valeur ajoutée d'un point de vue environnemental, estime Jean Bourcet. Aujourd'hui, toutes les stations visent à réduire leur nombre d'appareils de façon à éviter la dispersion de tout un tas d'équipements qui sont dans la nature."
 

Hormis ce nouveau télésiège, d'autre gros changements sont à prévoir. Parmi eux, l'élargissement du front de neige et l'installation d'un tapis débutant près de la gare de départ du nouvel appareil. La station vise ainsi un meilleur accueil des familles et des débutants.

 
  • L'enneigement menacé dans les années à venir ?


Opposant aux travaux, Marc Lucchesi, habitant du Grand-Bornand, se demande : "Est-ce que ça vaut vraiment le coup d'investir autant d'argent alors qu'on va peut-être apprendre dans 3 ou 4 ans qu'il n'y aura plus de neige ?". Se référant à de récentes études scientifiques, notamment le dernier rapport du Giec, le Haut-Savoyard affirme que l'enneigement sera bientôt menacé à la station du Grand-Bornand qui culmine à 1.300 mètres d'altitude.

Les prévisions démontrent effectivement que l'enneigement va reculer en montagne, notamment dans les Alpes, mais aucune étude centrée sur le Grand-Bornand ne le certifie. Les stations de moyenne altitude seront toutefois parmi les plus affectées, rappelle Météo-France, qualifiant de "particulièrement notables" les évolutions à prévoir. "Quand les températures sont plus élevées, il pleut plus souvent qu'il ne neige et la neige présente sur le sol fond plus vite. Épaisseur et durée de l'enneigement diminuent ainsi inévitablement", rapporte l'institut météorologique.
 
Un enjeu que le maire de la commune André Perrillat-Amédé a bien saisi, assurait-il dans un entretien à Haute-Savoie mag début 2018 : "Nous avons rénové et redéveloppé notre réseau de neige de culture en améliorant sa capacité instantanée de production et en le dotant d’enneigeurs nouvelle génération, moins consommateurs d’eau et d’énergie. L’objectif à terme est d’enneiger 60 % de notre domaine skiable en moins de 100 heures." De quoi, selon l'édile, "garantir une bonne qualité de ski tout au long de la période hivernale".

 
  • Aucune étude environnementale menée ?


"Des voix se sont élevées, avertissant du danger d'ériger un télésiège sur la zone humide des Gettiers, le terrain à cet endroit étant instable et peu fiable", écrivent les auteurs de la publication largement partagée sur Facebook, qualifiant de "folie" ces travaux "d'un autre âge". Une affirmation formellement démentie par le directeur des remontées mécaniques de la station Jean Bourcet : "Le télésiège survole des zones humides, mais il n'y a pas d'ouvrage sur des zones répertoriées humides".

Mais selon l'opposant Marc Lucchesi, le terrain serait instable et cette installation risque d'être vite mise en péril. "Un pylône a bougé, apparemment jusqu'à 30 centimètres. Pourquoi il a bougé ? Est-ce que les études de sol ont été faites, se questionne-t-il. Il semblerait qu'il y ait de l'eau. Apparemment la zone alimente des sources de la zone humide qui est un peu plus bas."

La réalisation d'études environnementales préalables au projet est également remise en question dans la vidéo Facebook, ce que le maire de la commune conteste. Dans l'arrêté municipal publié en vue du lancement des travaux, il est bien précisé que "l'étude d'impact correspondant à ce projet fait l'objet, dans son contenu, d'une évaluation environnementale entrant dans le cadre de l'enquête publique".
 
Selon les acteurs du projet, aucun pylône n'a bougé contrairement à ce qu'affirment les opposants, mais le maire du Grand-Bornand concède que des aménagements ont été réalisés par rapport aux plans initiaux. Les plans de la plateforme d'arrivée, qui devait être commune au téléski et au nouveau télésiège, ont été revus : "Ce projet nécessitait d'amener des matériaux en quantité, ce qui peut avoir un effet de compression des sols", explique-t-il. Il s'agit de la seule installation impactée par ces "aléas de chantier", d'après lui.

 
  • La sécurité de l'installation compromise ?


Maintenant que ces déconvenues ont été gérées, les élus et le directeur de la station assurent que la sécurité sera optimale, même meilleure qu'avec les anciennes installations. "Depuis 10 ans, il n'y avait pas eu de gros chantier de remontées mécaniques donc à un moment, il faut les remplacer. Au niveau confort, performance et sécurité, il ne faut pas être conservateur", a commenté Jean Bourcet, répondant a une question posée par les opposants au projet dans leur publication où ils s'inquiètent de "la sécurité des futurs utilisateurs".

Ces imprévus occasionneront seulement un retard dans la remise en fonction du téléski, indique le directeur des remontées mécaniques. Le reste des installations devrait être prêt en temps et en heure. Un investissement d'un montant de moins de 20 millions d'euros, légèrement gonflé suite aux "aléas de chantier" mais pas de quoi remettre en question la poursuite des travaux pour la mairie et la station.
 

 
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