L'intelligence artificielle pour corriger des copies dix fois plus vite : une innovation testée par une cinquantaine de professeurs

L'entreprise Compilatio, basée à Annecy (Haute-Savoie), a mis au point un logiciel capable de corriger les copies des élèves, grâce à l'intelligence artificielle. Une innovation qui représente un vrai gain de temps pour les professeurs : ils passent en moyenne 125 heures par an et par classe sur les corrections.

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Après le succès de son détecteur de plagiat, l’entreprise annécienne Compilatio s’est lancée dans un nouveau projet : le développement d’un correcteur de copies basé sur l’intelligence artificielle. L'outil, surnommé "Gingo" est pensé pour soulager les professeurs.

"Il a l'avantage d'enlever l'aspect pénible de la correction, soulève Frédéric Agnès, directeur et fondateur de Compilatio. Il a aussi l'avantage de rendre la correction, on l'espère, aussi équitable que possible, aussi constante que possible, puisque tous les élèves vont être corrigés de la même manière."

125 heures de correction par an, par classe et par professeur

L’intelligence artificielle "ne se fatigue pas, elle n’a pas d'a priori sur les gens, elle est toujours disponible et elle fait toujours ce qu'on lui demande, autant de fois qu’on lui demande", appuie le responsable. Mais que les enseignants se rassurent : l'IA, "c'est un vélo pour aller plus vite, mais ce n’est pas elle qui choisit où on va."

Gingo permet aussi aux enseignants d’obtenir des données sur les travaux des élèves : la classe est-elle au niveau ? Faut-il reprendre un chapitre ? Tout est visible en un clin d’œil. Mais il n’est pas indépendant dans sa correction…

"Le professeur doit ajouter dans l'interface son référentiel de correction et l'IA va se baser sur ce qu'on va donner comme correction pour pouvoir appliquer sur des classes de 40 élèves", détaille Mélissa Toye, cheffe de produit Gingo.ai chez Compilatio.

Selon une enquête réalisée par l’entreprise haut-savoyarde, une correction prend en moyenne dix à douze heures par classe. Chaque enseignant réalise dix évaluations par classe par an, soit un total de 125 heures de correction annuelles par enseignant et par classe. De quoi donner le tournis…

Un barème défini par l'enseignant

Enseignant en écogestion en BTS, Étienne Buffet fait partie des professeurs qui testent le logiciel, avant sa mise sur le marché. Ils sont une cinquantaine, partout en France, à s'être portés volontaires. Le logiciel devrait lui permettre de passer de trente à trois minutes par copie.

"Je vais attribuer des points à chacune de ces réponses et j'attends que Gingo vienne comparer le rendu des étudiants avec la note que j'attends, avance-t-il. La note c'est l'indicateur qu'on va donner aux élèves, c'est le retour qu'on leur donne sur leur travail et c'est quelque chose de capital pour eux, ils ont beaucoup de pression par rapport à ça. Faut pas se rater !"

Malgré quelques réserves, l’enseignant reste optimiste. "Pour cette année, je leur ai fait une petite évaluation de rentrée dans ce bloc d'enseignement cybersécurité, je vais leur proposer des questions, indique Etienne Buffet en ouvrant l’application Gingo. On va mettre un barème, les mots-clefs auxquels on s'attend comme réponse, des points affectés à chaque réponse."

"J'ai peur que ça déborde un peu"

À l’IUT d’Annecy, les élèves du DUT carrière sociale se montrent plus sceptiques. Pour ses devoirs à rendre, Barbara "utilise pas mal Internet" : "Quand on va sur ChatGpt, on obtient des choses très précises." La jeune femme craint que le logiciel l'interprète comme du plagiat. "On aura des points en moins."

"Je pense que ça peut être utilisé correctement, si les professeurs font des bonnes remarques et des bons attendus de ce qu'ils veulent, tempère Lola. Mais j'ai peur que ça déborde un peu, ou que l'IA ne comprenne pas forcément. Je préférerais que ça soit mon professeur qui la corrige et qu'on en parle ensemble après."

L’assistant pédagogique s’adapte à tous les niveaux, du primaire au supérieur. Il n’a plus qu’à être validé par les professeurs, qui garderont le dernier mot sur leurs corrections.

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