"On se sent trahis" : en Haute-Savoie, les agriculteurs s'inquiètent des conséquences du CETA et du Mercosur

Les Jeunes agriculteurs de Haute-Savoie lancent un cri d'alerte avant le vote du CETA par l'Assemblée nationale, mercredi 17 juillet. Cet accord de libre-échange est, selon eux, une menace pour leur activité et la qualité des produits importés.

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Il est inquiet, François Chamot, et même en colère. L'éleveur de vaches Holstein à Viry (Haute-Savoie) voit d'un très mauvais oeil les accords commerciaux entre l'Europe et le reste du monde. Déjà, la Commission européenne a engagé des échanges avec quatre pays sud-américains pour le Mercosur. Cet accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE), l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay laisse craindre une baisse d'activité aux éleveurs français à cause d'importations massives de viande venue d'Amérique-du-Sud.

Et de plus le CETA, accord commercial entre l'UE et le Canada en discussion depuis des lustres, sera voté mercredi 17 juillet à l'Assemblée nationale, ouvrant notamment la voie à l'importation du boeuf canadien. "Ils utilisent de la farine animale, des hormones, l'antibiothérapie préventive, des OGM, liste le président des Jeunes Agriculteurs en Haute-Savoie, inquiet. On lutte contre ces distorsions de concurrence car ce sont des technologies qu'on n'a pas envie d'utiliser."
 
Pour la Commission européenne, cette viande venue du Canada restera une portion congrue par rapport à la consommation totale dans l'union. Mais pour François Chamot, c'est déjà trop : "100 000 tonnes, ça fait quand même 100 millions de kilos sur lesquels on n'a aucune traçabilité, aucune garantie sanitaire, ajoute-t-il. Apparemment il y a des contrôles, mais seulement une fois qu'elle est en France."

 

"J'espère que toute la population se sentira trahie"


Bien sûr, cet accord de libre-échange favorisera aussi les exportations de produits français, comme le fromage et le vin. Mais les Jeunes Agriculteurs veulent surtout dénoncer un système, très éloigné d'une agriculture vertueuse. "On trouve aberrant d'aller chercher de la viande à 12 000 kilomètres alors que nous on la fait ici. On se sent trahis, c'est assez dur le sentiment qu'éprouvent les agriculteurs mais j'espère que toute la population se sentira trahie", reprend François Chamot.

Samedi, les jeunes agriculteurs ont alerté leurs députés. Seront-ils entendus ? Rien n'est moins sûr, même si quelques élus de la majorité présidentielle se sont ému des conséquences du CETA, le texte de ratification sera certainement voté mercredi à l'assemblée nationale.
 

 
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