Dans les Alpes, pays où l'on respire, la pollution fait régulièrement des siennes dans les vallées. Des voiles noirs "chapeautent" Grenoble, le Nord Isère ou la vallée de l'Arve. Alors les conclusions de l'OMS sur la pollution de l'air jugée cancérigène ont de quoi inquiéter.
La pollution de l'air qui nous entoure est cancérigène: telle est la conclusion de l'agence spécialisée sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (le CIRC) qui pointe du doigt de nombreux secteurs économiques comme responsables.
"Nous savons maintenant que la pollution de l'air extérieur n'est pas seulement un risque majeur pour la santé en général, mais aussi une cause environnementale de premier plan des décès par cancer", déplore le docteur Kurt Straif du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). "L'air que nous respirons a été contaminé par un mélange de substances qui provoque le cancer", a-t-il déclaré.
Concrètement, le CIRC classe désormais la pollution atmosphérique parmi les cancérogènes certains pour les êtres humains, a annoncé son directeur, Christopher Wild. Les matières dites "particulaires", comme par exemple les particules fines, qui font partie de la pollution de l'air, ont aussi été classées par le CIRC dans la catégorie "cancérigène certain".
Le cancer du poumon augmente chez les personnes exposées à la pollution atmosphérique"
Les données les plus récentes dont dispose le CIRC montrent qu'en 2010, 223.000 personnes étaient décédées d'un cancer du poumon en lien avec la pollution de l'air.
"Classer la pollution de l'air atmosphérique comme cancérigène pour l'homme est une étape importante", a déclaré M. Wild. "Il y a des façons effectives de réduire la pollution atmosphérique et, étant donné l'ampleur de l'exposition (à la pollution) qui touche les personnes à travers le monde, ce rapport devrait envoyer un signal fort à la communauté internationale pour qu'elle agisse sans délai", a-t-il estimé.
Qu'en dit-on à Grenoble?
Grenoble est dans le malheureux Top 10 des villes les plus polluées en France. Ici, on mesure déjà les effets de la pollution. Christophe Pison, chef du service pneumologie du CHU en est conscient: "cela épaissit la surface interne des artères donc c'est vraiment un mécanisme général qui peut entraîner des cancers bronchiques".
Face au fléau, l'agglomération de Grenoble a été l'une des premières à s'engager dans un Plan Air Climat mais cela ne suffit pas. Les élus le répètent, ils attendent un soutien de l'Etat pour, notamment, mieux réglementer la présence des véhicules polluants dans la cité. Les politiques seront d'ailleurs réunis à Paris les 23 et 24 octobre pour les Assises de la qualité de l'air.
En 2012, les gaz d'échappement des moteurs diesel avaient, eux aussi, été classés dans la catégorie cancérigène par le CIRC.