L'association Odysseus 3.1 a trouvé au fond du lac Léman plusieurs dizaines d'obus censés être enterrés sous la vase depuis longtemps. Ce vendredi 22 novembre, des scientifiques et une élue genevoise tirent la sonnette d'alarme. Ils craignent notamment pour l'eau potable.
L'association Odysseus 3.1 a trouvé au fond du lac Léman plusieurs caisses contenant plusieurs dizaines d'obus censés être enterrés sous la vase depuis longtemps. Une découverte qui sensibilise aujourd'hui certains politiques et scientifiques genevois, car la question du devenir et du traitement des armes et munitions d'après-guerre n'a jamais vraiment existé en Suisse.La présence de ces obus au fond du lac était bien connue. La découverte, c’est qu’ils ne sont pas enterrés sous la vase mais posés au fond du lac, seulement recouverts de quelques moules.
C’est l’association Odysseus 3.1 qui a fait cette découverte lors d’une plongée.
Un danger réel
Elle tire aujourd’hui la sonnette d’alarme car ces obus se trouvent à moins de 150 mètres d’un point de captage d’eau potable et à proximité d’un gazoduc.Le danger est bien réel selon Lionel Rard, le fondateur d'Odysseus 3.1.
Ces dépôts de munitions remontent aux années 1960. L'armée et les entreprises de production suisses se débarrassaient de leurs stocks dans plusieurs lacs du pays. Ici, ce sont des obus destinés à l'exportation de l'entreprise Hispano Suiza qui ont été retrouvés.
Mais impossible aujourd'hui de savoir combien d'autres se trouvent aussi au fond du Lac. Ce manque d’information sur la nature des produits, leurs emplacements et leur nombre inquiète Stéphanie Girardclos, docteure en sciences de la Terre à l’Université de Genève.
"On n’a rien pour commencer à faire l’évaluation des risques" déplore-t-elle.
Mauvaise instruction de l'affaire ou mensonge du Conseil d'Etat ?
Si, en France, l'armement des guerres mondiales fait l'objet de recherches et de désamorçages réguliers, en Suisse, cette question est très récente. Elle commence tout juste à sensibiliser les politiques genevois dont Salima Moyard qui s'était déjà inquiétée de ce problème en 2017. Le Conseil d'Etat lui avait alors répondu qu'il n'y avait aucun danger puisque les obus étaient profondément enfouis dans la vase.Elle s'interroge aujourd'hui : "ou bien ils ont menti ou bien ils ont mal instruit l'affaire. Dans tous les cas c'est un vrai problème".
Obus au fond du lac léman
Salima Moyard a posé une nouvelle question écrite urgente au Conseil d'Etat.
Elle demande que le gouvernement du canton prenne ses reponsabilités :
"On a caché la poussière sous le tapis. C’est un manque collectif du sens des responsabilité et il s’agit de trouver les solutions pour éviter un drame humain et environnemental."
Affaire à suive…