Publié le •Mis à jour le
Elle est la dernière otage française dans le monde. Sophie Pétronin est retenue au Mali depuis le 24 décembre 2016 par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Bientôt deux ans après, sa famille a reçu un message des ravisseurs dimanche 11 novembre. Son mari, anéanti, témoigne.
"Moi je me retourne vers le gouvernement français, il n'y a que lui qui sait. Si le gouvernement sait quelque chose, qu'il nous le dise. Qu'il nous dise franchement « On fera pas ou on fera, ou on est en train de faire ». On ne sait même pas ce que les ravisseurs demandent." C'est un cri du cœur, un cri de désespoir qu'adresse aujourd'hui le mari de Sophie Pétronin, dernière otage française retenue dans le monde. Dimanche 11 novembre, son fils, Sébastien, a reçu un message des ravisseurs de sa mère. Depuis, Jean-Pierre Pétronin se dit anéanti.Le groupe #JNIM publie un communiqué en plusieurs langues, dont une version française, sur la détérioration de l'état de santé de Sophie Pétronin, humanitaire franco-suisse détenue depuis près de 2 ans par le groupe jihadiste. pic.twitter.com/ZzpV0oyLav
— Romain Caillet (@RomainCaillet) 11 novembre 2018
Ca fait maintenant deux ans qu'on tourne, et qu'on tourne, rien ne se passe
"Le Jama tient le Président français et son gouvernement pleinement responsables de leur citoyenne âgée." Sur l'écran de son portable, le message envoyé depuis la Mauritanie. Jean-Pierre Pétronin observe, impuissant, le dernier signe adressé par Jama'at Nusrat al-Islam wal Muslimeen (JNIM), depuis son canapé en Haute-Savoie. Une situation à peine supportable pour l'époux de l'otage, retenue au Mali. L'enlèvement de cette travailleuse humanitaire bordelaise à Gao, dans l'Est du pays, remonte au 24 décembre 2016. "Cela fait maintenant deux ans qu'on tourne, et qu'on tourne, rien ne se passe (...) que font les services ? Je ne sais pas. On ne sait même pas ce que les ravisseurs demandent", confie-t-il, presque résigné. Car cette dernière vidéo, loin de susciter un espoir chez les proches de Sophie Pétronin, se veut alarmante. "Ça sent la fin, ça sent le sapin, a déclaré le fils de l'otage à l'AFP, lundi 12 novembre. On est lucide. Ça va mal, ça va de plus en plus mal, et on ne sait même pas si dans l’urgence, on va pouvoir la sauver." Même sentiment pour Jean-Pierre qui sait son épouse fragile.
Dans le communiqué adressé par JNIM, le groupe affilié à Al Qaïda va même jusqu'à s'excuser auprès de Sébastien pour "ne pas lui avoir permis de rendre visite à sa mère", et dénonce "l'obstination" de l'Etat français.
L'otage oubliée ?
Une vidéo, reçue en juin dernier, montrait une otage de 75 ans, très affaiblie par le paludisme et un cancer. Sophie Pétronin y témoigne de sa crainte : "d'otage oubliée, je vais basculée à l'otage sacrifiée".Le jour de la publication de la vidéo, Emmanuel Macron rend justement visite aux groupes armés basés au Mali, et déclare que "tous les services de l'État (sont) mobilisés pour la retrouver et la ramener saine et sauve". En septembre, Sophie Pétronin en appelait à nouveau au Président de la République. Deux mois après, la situation n'a guère évolué.
Aujourd'hui, le groupe djihadiste confirme la dégradation de l'état de santé de la Française. Comme un ultimatum. La famille, elle, se sent abandonnée par le gouvernement. En août dernier déjà, son fils Sébastien alertait les pouvoirs publics, ne sachant pas si sa mère bénéficiait de médicaments. "Elle souffre, ce n'est pas tenable", confiait-il à nos confrères de France 3 Aquitaine. Mais les 688 jours de détention ont depuis été atteints. Son mari, heureux de ce signe de vie en juin, peine à se réjouir cette fois-ci.