Le président Emmanuel Macron est en visite, ce dimanche 7 avril, à la nécropole nationale des Glières à Thônes (Haute-Savoie) pour donner le coup d'envoi d'un vaste programme de commémorations à l'occasion du 80e anniversaire du Débarquement et de la Libération. Retour sur l'histoire de ce maquis, qui a marqué la Résistance.
"Vivre libre ou mourir". Telle était la devise des quelque 465 maquisards qui ont occupé le plateau des Glières. Ce haut-lieu de la Résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale fait l'objet, ce dimanche 7 avril, d'une visite officielle d'Emmanuel Macron.
Le président de la République est attendu à la nécropole de Morette, lieu d'inhumation de 105 combattants des Glières, pour donner le coup d'envoi d'un vaste programme de commémorations, partout en France, à l'occasion du 80e anniversaire du Débarquement et de la Libération.
Le choix du président de venir se recueillir aux Glières n'est pas un hasard, tant les lieux ont été un symbole de la Résistance.
Un maquis à 1 500 mètres d'altitude
Dès la fin de 1942, de nombreux réfractaires au service du travail obligatoire (STO) trouvent refuge sur ce plateau, situé tout près d'Annecy, perché à 1 500 mètres d'altitude. Les Mouvements unis de la résistance (MUR) se chargent de regrouper les forces et leur procurer une formation militaire.
Le maquis se renforce au cours de l'année 1943, le terrain des Glières étant propice aux parachutages promis par les Anglais : "Il suffit de regarder la physionomie des lieux. Il n'y a pas de routes goudronnées à l'époque, mais il y a par contre des facilités pour les pilotes d'avions. Puisque, quand ils viennent de nuit, ils ont les deux lacs (ceux d'Annecy et du Léman) qui brillent sous la lune. De plus, Genève n'est pas concernée par un 'black-out', la ville est toute éclairée", détaille l'historien Michel Germain.
Janvier 1944 : le gouvernement de Vichy excédé par les attentats et les sabotages, proclame l’état de siège et lance la milice contre ceux qu’il appelle les terroristes : "Le département de la Haute-Savoie est le plus turbulent de France durant l'hiver 1943-1944. Nous avons près de 50 exécutions par mois, c'est quelque chose d'énorme à l'époque. Les Allemands mettent donc la pression au gouvernement de Vichy pour un retour à l'ordre", raconte l'historien Claude Barbier, auteur d'un ouvrage sur le maquis des Glières.
Le lieutenant Tom Morel à la tête des maquisards
Le 31 janvier 1944, le lieutenant Tom Morel, chef des maquis de Haute-Savoie monte aux Glières, avec quelque 120 maquisards. Ils sont rejoints par 58 républicains espagnols, des francs-tireurs et partisans (FTP) communistes, et bon nombre de jeunes réfractaires au STO. On compte alors 465 maquisards sous les ordres de Tom Morel, affecté auprès du 27e bataillon de chasseurs alpins avant sa dissolution en 1942.
"À partir de ce moment-là, Tom Morel organise le plateau comme un casernement de chasseurs-alpins, avec des sections, des compagnies...", indique Michel Germain. La présence du maquis se fait de plus en plus ressentir par les Allemands et les milices de Vichy : "On est alors dans une guerre de propagande avec une focale sur la Haute-Savoie. Les Allemands sur-estiment le maquis. Ils pensent qu'ils sont très nombreux, bien mieux armés que ce qu'ils sont, et qu'il faut donc de gros moyens pour les déloger", raconte l'historien Gil Emprin.
La plupart des maquisards sont tués au moment où ils essaient de quitter le plateau.
Gil Emprin, historien.
Le 10 mars intervient le plus important parachutage. Des tonnes d’armes sont livrées. De quoi équiper plus de 2 000 hommes. Mais, le maquis a été localisé par l’aviation allemande : "Les avions allemands vont repérer les traces dans la neige. Ils vont bombarder et incendier les chalets. Les Glières deviennent une souricière", poursuit Gil Emprin.
Le 26 mars, les Allemands passent à l’assaut du plateau, aidés par la milice. À 22 heures, le capitaine Anjot qui a remplacé Tom Morel, assassiné, donne l’ordre de décrocher. "La plupart des maquisards sont tués au moment où ils essaient de quitter le plateau."
Au total, 129 maquisards y laissent la vie, tués au combat, fusillés, ou morts en déportation. 105 reposent aujourd’hui à la nécropole de Morette, où se rend Emmanuel Macron ce dimanche 7 avril.