Le Conseil d'Etat a décidé d'annuler le classement en espèces nuisibles de la pie et de la fouine en Isère, considérant qu'il n'était pas justifié.
Après le loup sauvé lundi 4 août, la Justice vient au secours de la pie et de la fouine. Le Conseil d'Etat a annulé en Isère (et d'autres départements) le classement en espèces nuisibles des deux animaux. Ces espèces ne peuvent donc plus être piégées ni chassées.
"Le concept de 'nuisible' n'a pas de sens en biologie car toutes ces espèces jouent un rôle utile dans les écosystèmes, en particulier les petits prédateurs comme la fouine [...], qui sont des auxiliaires précieux de l'agriculture car ils contribuent à réguler les populations de rongeurs", a commenté Christophe Aubel, porte-parole de Humanité et Biodiversité, co-auteur du recours devant la juridiction administrative.
Selon Dominique Py de France Nature Environnement (l'autre association à l'itiniative), "c'est l'ensemble de la réglementation sur les 'nuisibles', concept périmé, qui devrait être revue pour prendre en compte les réalités biologiques et privilégier les méthodes préventives, afin de mettre un terme aux destructions injustifiées de dizaines de milliers d'animaux sauvages chaque année".
Gare aux fruits, aux poules, et à la laine de verre de nos maisons
Les agriculteurs sont parfois victimes des deux espèces désormais protégées. La pie mange un peu trop de fruits : des vignerons ont parfois demandé à prendre les armes de chasse dans leurs propres vergers. Et la fouine "aime le sang", souligne René Thuderoz, un agriculteur de la FDSEA Isère. Il raconte : "Une fouine avait investi le poulailler d'une amie, elle a saigné cinq poules et les autres sont mortes, étouffées par la peur."
La pie, c'est terrible !
Les particuliers ne sont pas en reste. La pie bavarde n'hésite pas à s'approcher des maisons et, comme son nom l'indique, et elle peut être bruyante. Les maisons sont aussi appréciées par la fouine, qui adore jouer avec la laine de verre. "Elle monte dessus, l'arrache, l'écrase... Les gens ne se rendent pas compte des dégâts qu'elle cause", se désole l'agriculteur. Il se souvient qu'il y a encore dix ans, "on allait aux fouines l'hiver, dans les maisons et les granges inhabitées, on faisait de la régulation."
Chasser, protéger, "réguler"
René Thuderoz est aussi chasseur. Et il se sent particulièrement visé par les protecteurs des animaux. "On a perdu la notion de régulation. Les chasseurs n'éliminent pas tous les animaux !" lance-t-il, agacé.
Protéger une espèce se fait au détriment d'une autre.
Cette protection serait contre-productive. "On a protégé les buses par exemple, et bien maintenant elles pullulent, elles ont faim, et on ne trouve plus de petit gibier dans les bois...", regrette le chasseur.
"Faire payer aux associations de défense des animaux les dégâts causés par les animaux qu'ils ont fait protéger", voilà la solution du syndicaliste. Le consensus est manifestement loin d'être trouvé entre les deux parties, éternels ennemis.