Six personnes ont été condamnées mardi à des peines de prison ferme ou avec sursis pour des faits de harcèlement sur la jeune iséroise Mila. Elle avait été la cible de messages haineux et de menaces de mort après la publication d'une vidéo sur les réseaux sociaux.
De trois mois de prison avec sursis à quatre mois ferme. Le tribunal judiciaire de Paris a condamné six personnes, dont quatre femmes, à des peines d'emprisonnement sous bracelet électronique. Elles étaient jugées pour harcèlement et menace de mort à l'encontre de Mila.
La jeune iséroise, qui vit sous protection policière, a été la cible d'un "raz-de-marée de haine" après avoir répondu, en janvier 2020, à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d'une vidéo véhémente sur l'islam. Elle était alors âgée de 16 ans et demi.
Mila, qui revendique son droit au blasphème, s'était attirée une nouvelle salve de menaces après la publication d'une seconde vidéo polémique le 14 novembre 2020. Elle lançait vertement à ses détracteurs : "et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s'il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j'les ai toujours pas sortis".
Selon son avocat, Mila a reçu plus de 100 000 messages haineux et de menaces de mort depuis sa vidéo de janvier 2020. La jeune femme n'était pas présente à l'audience mardi 24 mai, ni aucun des prévenus, âgés de 19 à 39 ans.
"Retrouver une vie normale"
Dans son délibéré, le tribunal n'a retenu le chef de menace de mort qu'à l'encontre d'une seule prévenue, Melinda D., mère de deux enfants, déjà condamnée à plusieurs reprises pour vol, escroquerie ou conduite sans permis. Les cinq autres prévenus ont été condamnés sur le seul chef de harcèlement aggravé.
Outre les peines de trois mois avec sursis pour une prévenue et de quatre mois ferme pour une autre, deux prévenus ont écopé d'une peine de quatre mois de prison avec sursis et deux autres de six mois avec sursis.
Tous les prévenus devront en outre verser une somme de 3 000 euros à Mila en réparation du préjudice moral. Ils sont également tous privés du droit d'éligibilité pour un an.
"La condamnation des six personnes poursuivies était nécessaire", a estimé l'avocat de Mila, Me Richard Malka, soulignant que "seulement quelques mots sur un réseau social peuvent avoir de graves conséquences pour les auteurs de ces mots de haine et de violence".
"Je n'ai aucune satisfaction à voir condamner ces jeunes gens. Ma seule satisfaction dans ce dossier ce serait que Mila puisse retrouver une vie normale… et c'est pas le cas", a-t-il ajouté.