"C'est une année comme on n'en a jamais vue", les céréaliers inquiets après des moissons décevantes

Dans les Alpes, les moissons se terminent. Et le premier bilan n'est pas bon. Qualité décevante, baisse de la quantité... En Isère comme ailleurs, les agriculteurs sont inquiets pour les prochains mois. D'autant que le marché des céréales est en berne au niveau mondial.

En plaine, les moissonneuses-batteuses sont déjà à l'arrêt et de retour dans les exploitations. La moisson y est terminée. Mais en altitude, les céréaliers terminent leurs récoltes. Ces derniers jours de moisson sonnent l'heure du bilan dans les territoires de montagne.

En plein cœur du Trièves, en Isère, à 900 mètres d'altitude, la moisson est encore en cours sur les dernières parcelles. Mais cette année, la récolte est décevante, autant sur la qualité que sur la quantité.

Des conditions météo exécrables

Bernard Clavel et son associé cultivent des céréales bio depuis plusieurs années. Aujourd'hui, ils viennent de sauver leur récolte de justesse... A cause des conditions météorologiques difficiles, la saison a été très compliquée : "C'est une année comme on n'en a jamais vue ! Ne pas pouvoir semer dans de bonnes conditions, les trombes d'eau qui sont venues inonder les champs, pas trop de température, un ensoleillement pas très favorable et des pressions maladies relativement fortes..." énumère Bernard Clavel.

Un marché international en berne

Face à ce bilan, l'agriculteur redoute de ne pas pouvoir couvrir leurs charges de production. La situation inquiète notamment Thibaut Ray. Ce céréalier doit reprendre l'exploitation de Bernard Clavel. Une transmission aujourd'hui encore en suspens.  

"Ce sont des discussions que l'on a au quotidien. Aujourd'hui, on n'a pas les réponses à tout. Et c'est même très stressant. Des fois, on se pose la question pour savoir si cela en vaut la chandelle. On en est encore intimement convaincu que ce métier et passionnant et nécessaire. Mais à quel prix ?", s'interroge Thibaut Ray.

Et les craintes du futur gérant de l'exploitation agricole concernent en premier lieu le marché international du blé.

Dans un contexte peu favorable, les récoltes sont en baisse de 20 % à 30 % selon les territoires en France : "Il y a tellement de stock dans le monde actuellement que même le déficit de production à l'échelle de la France n'a pas vraiment pesé sur le prix des céréales. Les marchés ne sont pas optimistes. Nous sommes particulièrement impactés en bio car les gros acteurs s'y sont mis et donc les céréales bio ne remontent pas".

Le gouvernement se dit "prêt" à réagir

Au delà du cas du bio, c'est toute la filière céréale qui subit une baisse de récolte. "Pour le blé tendre, on est habituellement autour de 36 millions de tonnes. Certains évoquent 28, 27 voire 26 millions de tonnes pour cette année, c'est une baisse colossale", confiait à l'AFP, fin juillet, Eric Thirouin, président de l'Association générale des producteurs de blé (AGPB).

Après plusieurs semaines de manifestations aux quatre coins de l'Hexagone qui avaient paralysé le pays en début d'année 2024, les agriculteurs ont obtenu plusieurs aides et accompagnements du gouvernement. Mais quelques mois plus tard, les céréaliers français lancent un cri d'alerte.

En réponse à cette inquiétude, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau s'est dit prêt à activer des aides exceptionnelles si les moissons se révèlent vraiment mauvaises.

Mobilisation de l'assurance récolte, dégrèvement de taxe sur le foncier non bâti (TFNB), mobilisation de la déduction pour épargne de précaution (DEP), report des cotisations de l'organisme qui gère la sécurité sociale des agriculteurs MSA : le ministère étudie plusieurs pistes. Le dispositif devrait être précisé d'ici une dizaine de jours.

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