Les maires écologistes vont-ils freiner la construction de nouveaux logements ? Le secteur surveille nerveusement ces adversaires déclarés de la "bétonisation" des villes. En Isère, le président de la Fédération du BTP prévient : "Ne travaillons pas les uns contre les autres".
Après la crise sanitaire du coronavirus qui a donné un coup d'arrêt à l'activité économique, le monde du bâtiment s'inquiète de la vague verte qui a déferlé sur la France au second tour des élections municipales. Beaucoup de candidats ont fait campagne sur une promesse : freiner la "bétonisation" des villes. En Isère, le président de la fédération du BTP, Thibault Richard, met en garde : "Faire de l'écologie sans économie ce n'est pas possible".
Que vont faire les maires verts ?
Depuis l'arrivée d'Eric Piolle à la mairie de Grenoble en 2014, le nombre de permis de construire des logements a chuté de près de 40%. Sur la même période, il a aussi décliné en France mais de manière bien moins marquée. Ces chiffres annoncent-il un effondrement dans toutes les nouvelles villes vertes ?
Difficile d'en juger mais pour Thibault Richard, c'est une vraie tendance et il faut que le monde du BTP se prépare à un tournant. Dans les prochaines années, il y aura moins de logements neuf. "Il va falloir massifier la rénovation énergétique dans les logements mais aussi les bureaux et les entreprises".
Une place pour chacun
Pour Thibault Richard, il faut éviter les positions dogmatiques. "Il faut travailler sans posture explique-t-il, en concertation pour que chacun prenne sa place et que tout le monde trouve son compte". "Nous aussi on est écolo, plaide-t-il, mais on a un vrai besoin de logements et on ne peut pas tous aller bosser en vélo".
A Grenoble, la politique anti-voiture, "c'est de l'irrespect pour les gens qui travaillent en habitant dans les secteurs ruraux. On est plus dans du rationnel, on fait de l'image". Idem quand on enlève systématiquement un ou deux niveaux aux permis de construire," cela pose un vrai problème de rentabilité" explique le président de la fédération du BTP de l'Isère qui demande davantage de concertation.
On est prêt à s'adapter
Thibault Richard reste optimiste. Jusque là, la Métro a su composer avec le monde économique. D'ailleurs, le budget pour les travaux publics est passé de 15 à 50 millions d'euros. Avec de gros projets comme la construction de l'A480 à Grenoble et le projet Neyrpic à Echirolles. "On est prêt à s'adapter résume Thibault Richard, mais il faut travailler en concertation. Faire de l'écologie sans économie ce n'est pas possible".