Après un temps d'échange entre professeurs, les enseignants ont pu parler ce lundi avec leurs élèves de l'attaque au couteau survenue dans un lycée d'Arras. A Grenoble, le drame était encore dans tous les esprits aux abords des établissements scolaires ce matin.
Le retour sur le chemin de l'école était pesant en ce lundi 16 octobre. Seulement trois jours après l'assassinat de Dominique Bernard, professeur de français dans un lycée d'Arras, les élèves ont regagné leurs classes. Une rentrée décalée à 10 heures pour permettre aux enseignants d'échanger entre eux à la suite de ce drame.
Une angoisse et une peur omniprésentes
Aux abords du portail du lycée Les Eaux claires de Grenoble, plusieurs élèves se regroupent avant de faire leur entrée dans l'établissement. L'attentat d'Arras reste encore dans tous les esprits. "Après Samuel Paty il y a trois ans, cela fait un peu peur de se dire que cela peut arriver aussi facilement" confie un lycéen avant de rejoindre sa classe.
Une angoisse qui s'est emparée de plusieurs élèves à la suite de ce drame et qui s'est accentuée ce lundi matin. Même si l'heure de rentrée a été décalée, les lycéens appréhendent leur retour en classe et espèrent pouvoir en débattre avec leurs professeurs :
"Cela peut être important d'en parler. Certains élèves peuvent en avoir besoin. Ce sont des événements qu'il ne faut pas laisser sous silence", explique une élève de terminale. Dès leur entrée à 10 heures, un temps d'échange a été organisé dans chaque classe pour permettre à chacun de partager ses craintes et questions.
"On n'est pas là pour se faire tuer, juste pour apprendre."
un élève en première STMG
Devant le portail du lycée Les Eaux claires, un panneau a été apposé, rappelant la mise en place de "l'urgence attentat" déclenchée ce vendredi 13 octobre après l'assassinat de Dominique Bernard. Un poids supplémentaire pour un élève de première STMG : "Voir ce qui s'est passé, et désormais l'urgence attentat, on n'a pas vu cela depuis un certain temps. Cela me fait un peu peur, je l'avoue".
Pour renforcer la sécurité, les élèves sont contrôlés un par un. Carnet de correspondance, sac, un climat lourd. Mais le lycéen assure ne pas vouloir se laisser abattre face au terrorisme. Il poursuit : "Cela n'est pas normal, on n'est pas là pour se faire tuer, juste pour apprendre".
Emotion lors de la minute de silence
Ce lundi après-midi, au lycée Champollion de Grenoble comme dans l'ensemble des établissements scolaires de France, l'heure était au recueillement. Une minute de silence a été observée en hommage à Dominique Bernard, mort assassiné lors de l'attaque au couteau d'Arras.
Un moment lourd mais nécessaire selon les élèves : "C'était un silence profond mais c'était bien de marquer le coup aujourd'hui. C'est un professeur, un représentant de l'Education nationale et de la liberté en France qui meurt, donc évidemment cela nous touche", explique un lycéen à l'issue de l'hommage.
En ces instants de recueillement, la mémoire du professeur d'histoire Samuel Paty tué dans l'exercice de ses fonctions il y a trois ans jour pour jour, a également été saluée. Des atteintes à répétition envers l'école qui amènent aujourd'hui élèves comme professeurs à réfléchir sur le symbole attaqué :
"Cela pourrait se produire n'importe où. Il ne faut pas avoir peur mais il faut toujours se méfier car on n'est jamais à l'abri de rien. Au lycée, on nous apprend des valeurs, on nous enseigne des choses. Cela nous montre aussi que c'est un endroit où l'on est sensé se sentir bien et devenir plus mature", confie Léonard, élève grenoblois.
"La seule solution contre la violence, contre l'obscurantisme, contre le fanatisme, c'est ce que nous faisons tous les jours : accueillir des élèves, enseigner, leur apprendre à développer leur esprit critique, construire eux-mêmes leur jugement dans un souci de vérité. Ce travail-là est essentiel", déclare Manuel Neves, proviseur du lycée Champollion.
A l'appel du syndicat enseignant le SNES-FSU, plusieurs rassemblements sont également prévus ce lundi soir dans l'académie de Grenoble.