Burkini à Grenoble : "vote de la honte", "rupture avec la laïcité"... La classe politique tire à boulets rouges sur Eric Piolle

Une grande partie de la classe politique dénonce la décision du conseil municipal de Grenoble qui a voté lundi soir pour l'autorisation du port du burkini dans les piscines de la ville. Le préfet de l'Isère et l'ancien maire Alain Carignon ont annoncé vouloir saisir la justice.

"Zemmour de gauche", "pacte avec l'islamisme", "vote de la honte"... Les réactions politiques affluent après l'adoption par le conseil municipal de Grenoble, lundi 16 mai, du nouveau règlement intérieur des piscines autorisant le port du burkini. De gauche à droite, de nombreuses voix s'élèvent contre cette mesure portée par le maire Eric Piolle et une partie de sa majorité.

"Vous portez une responsabilité très grave", a lancé l'ancien maire Alain Carignon avant de quitter le conseil municipal avec son groupe à l'adoption du texte. "Un jour sombre pour Grenoble, un recul pour la cause des femmes, un progrès pour l’islamisme politique. Eric Piolle divise sa majorité, soude les oppositions", écrit l'élu de droite sur Twitter, annonçant engager "un référé en annulation" contre ce texte.

Le préfet de l'Isère a annoncé dimanche vouloir saisir "le tribunal administratif de Grenoble (…) par le biais d'un référé laïcité en vue d'obtenir la suspension" de cette mesure. Il estime que cette délibération "dont l'objectif manifeste est de céder à des revendications communautaristes et religieuses, paraît contrevenir au principe de laïcité."

Quant au député LR Eric Ciotti, il a déposé lundi à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à interdire le burkini dans les piscines publiques au nom de la laïcité. Il s'agit selon lui de ne pas laisser les maires réglementer entre "pressions communautaires fortes" et "raisons idéologiques". Le vote du conseil municipal de Grenoble "rend obligatoire une loi interdisant le burkini comme je l’ai proposée", estime l'élu sur Twitter.

De son côté, la présidente du Rassemblement national juge que le maire de Grenoble "veut soumettre la République aux pressions islamistes". "Il démontre le vrai visage, anti-républicain, de la NUPES", écrit Marine Le Pen sur Twitter.

"Rupture avec la laïcité"

Premier à réagir au vote, le président LR d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a confirmé mettre fin aux subventions régionales allouées à la ville de Grenoble. "En autorisant le port du burkini dans les piscines municipales, Eric Piolle acte définitivement sa rupture avec la laïcité et les valeurs de notre République", estime-t-il sur les réseaux sociaux.

"Il prend la décision terrible de pactiser avec l'islamisme", a ajouté le président de région mardi 17 mai sur France Bleu Isère. Laurent Wauquiez a précisé sa position, disant vouloir cesser "la collaboration financière avec le maire de Grenoble et son équipe" mais pas avec les associations de la ville. Cela représente 1,5 million d'euros de subventions en moins, selon une estimation de la majorité municipale grenobloise.

Invité mardi matin sur France Inter, le secrétaire national d'EELV Julien Bayou a taclé cette décision du président de région, la jugeant "anticonstitutionnelle""Laurent Wauquiez, sous couvert de batailler pour la République, attente à l'Etat de droit quand il dit qu'il va supprimer les subventions à une collectivité territoriale", a-t-il déclaré.

Julien Bayou a indiqué soutenir l'autorisation du port du burkini. Une décision qui n'a selon lui "rien à voir avec la laïcité", et qu'il juge "conforme à l'Etat de droit""Je souhaite que les femmes puissent se baigner et je souhaite qu'elles subissent moins d'injonctions à se vêtir ou à se dévêtir", ajoute le candidat aux élections législatives.

Pour la présidente LR de la région Île-de-France Valérie Pécresse, "l'Etat doit maintenant choisir, cesser d’esquiver le sujet et dire quel doit être le droit sur tout le territoire." A ce jour, la décision d'autoriser ou non le burkini dans les piscines municipales revient aux maires. Cette mesure a notamment été adoptée à Rennes il y a quatre ans.

Lors du conseil municipal de lundi, les élus de l'opposition ont tiré à boulets rouges sur le maire de Grenoble, l'accusant pêle-mêle de "vouloir exister dans les médias nationaux quoiqu'il en coûte", de se comporter en "Zemmour de gauche" ou encore de "porter un coup sans précédent contre les femmes musulmanes qui n'ont rien demandé".

Des élus locaux vent debout

De nombreux élus locaux s'étaient prononcés contre l'autorisation du burkini avant le scrutin, à l'image du président de Grenoble-Alpes métropole Christophe Ferrari. "C'est un débat, une croisade qui est portée par Eric Piolle seul contre son territoire", avait-il estimé sur le plateau de France 3 AlpesQuarante-deux conseillers départementaux de l'Isère ont également signé une tribune contre l'autorisation du maillot de bain islamique qui, selon eux, "n’a pas sa place en France".

"C'est inquiétant", a réagi le président LR du conseil départemental de l'Isère Jean-Pierre Barbier. "La municipalité d’Eric Piolle cède à la pression d’un collectif d'extrémistes religieux et ouvre la porte à toutes leurs revendications au sein des équipements publics", estime-t-il.

La bataille va désormais se jouer sur le terrain judiciaire avec plusieurs recours annoncés contre cette délibération, mais aussi sur le champ politique. La majorité d'Eric Piolle, issue d'une alliance de partis et organisations de gauche, est apparue fissurée lors du scrutin. La délibération a été votée à l'issue de plus de 3h30 de débats à la courte majorité de 29 voix pour et 27 contre.

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