En France, la précarité étudiante ne cesse d'augmenter. D'après une étude, sur plus de 5000 étudiants bénéficiant d'aide alimentaire, les trois-quarts d'entre eux disposent de moins de 100 euros par mois pour se nourrir, se soigner, s'habiller ou se cultiver. À Grenoble, l’épicerie associative Agoraé leur vient en aide.
"J’essaye de jongler avec les repas. Un coup je mange, un coup je ne mange pas", raconte Jade Benaïs, assise sur le canapé de son petit studio.
Pour financer son master d’enseignement, l’étudiante est contrainte de travailler. Elle a cumulé jusqu’à 3 emplois à temps partiel mais cette année, avec la préparation du concours du Capes, elle ne peut pas enchaîner autant de petits boulots. Conséquence : son budget est ultra-serré.
"J’ai 500 euros de bourse et 200 euros de salaire par mois. Donc ça fait 700 euros pour 650 euros de loyer, plus les charges de 100 euros, plus le téléphone, internet, etc.", énumère-t-elle en gardant le sourire.
Pas de loisirs, pas de sorties
Pour préserver son portefeuille, son quotidien se résume à aller en cours et au travail, en limitant drastiquement les sorties. "C’est dur de voir tout le monde sortir et de devoir rester chez soi car je ne peux pas payer 8 euros de bière", regrette-t-elle. Ses seuls loisirs sont gratuits, comme la lecture, ou les sorties dans les musées grenoblois.
Pour se nourrir, l’étudiante fait ses courses à l’Agoraé, une épicerie associative réservée aux jeunes dans la précarité. Grâce à ce dispositif, les courses alimentaires ne lui coûtent que 3 euros par mois. "C’est ce qui me permet de survivre aujourd’hui, assure-t-elle. Je ne peux pas aller dans un supermarché pour faire des courses entières. C’est ce qui me permet de remplir mon frigo".
Comme elle, de plus en plus d’étudiants ont du mal à se nourrir. Selon une étude de l’association d’aide alimentaire Linkee, 79 % des étudiants précaires ne mangent pas à leur faim.
Pour permettre aux plus pauvres d’accéder à la nourriture, l’Agoraé distribue chaque semaine des denrées alimentaires à 330 étudiants choisis sur critères sociaux en fonction de leur reste à vivre. Sur les étals, les produits sont proposés à seulement 10 % de leur prix.
De plus en plus de demandes
"On a reçu énormément de demandes de gens qui voulaient en bénéficier et ça ne fait qu’augmenter, constate Erna Lequeuche, étudiante en charge de l'association Agoraé. On le sent, on voit que les étudiants sont de plus en plus précaires, et de moins en moins aidés".
Malgré sa bonne volonté, l’association est incapable de répondre à toutes les demandes. Face à cette situation, la banque alimentaire ouvre le 5 novembre une épicerie sociale réservée aux étudiants dans le centre-ville de Grenoble.
"C’est ma dernière année d’étude, je croise les doigts et je me dis que ça ira mieux. Il y a toujours une sortie au bout du tunnel", conclut Jade, également bénévole à l’Agoraé pendant son temps libre.