À Gresse-en-Vercors, le maire et cinq conseillers municipaux ont annoncé quitter leur fonction lors d’une réunion publique organisée le 5 décembre. Ils affirment subir une pression de la part de l’opposition. Au cœur du débat, le domaine skiable du village.
Il est le plus haut village du massif du Vercors, perché à 1 250 mètres d'altitude en Isère. Et derrière ses apparences paisibles, il est secoué par un épisode politique inédit : le maire Jean-Marc Bellot et cinq de ses conseillers ont annoncé quitter leurs fonctions à l’issue d’une réunion publique organisée le 5 décembre dernier.
"C’est un abandon. Ce n’est pas dans mes intentions, ce n’est pas dans mes gênes d’abandonner une mission qui m’a été confiée ici par des électrices et des électeurs", confie Jean-Marc Bellot.
Au cœur du débat, le domaine skiable
Pourtant, cette démission, le maire y réfléchit depuis le 1er juillet dernier alors que la station de ski a perdu la moitié de son chiffre d’affaires. En effet, Jean-Marc Bellot annonce plus de 300 000 euros de déficit pour la station.
L’année dernière, une grande partie du domaine avait dû fermer pendant les vacances de Noël, faute de neige. "On ne peut pas se contenter de mettre 100 000 euros à chaque fois dans cette station. Nous sommes une station de moyenne montagne, avec les problèmes qui sont liés à la moyenne montagne."
On ne peut pas fonctionner aujourd’hui comme on pouvait fonctionner il y a 20 ans, 30 ans ou encore 40 ans. Mais ça, c’est un message qui n’est jamais passé.
Jean-Marc Bellot, maire de Gresse-en-Vercors
Continuer ou s’arrêter ? Dans ce village de 400 habitants à l’année, deux visions du ski s’opposent. En 2021, le choix avait été fait d’installer neuf canons à neige après un referendum où le "oui" l'avait emporté avec 63 % des voix. Le maire, lui, était contre.
80 % des 400 habitants s’étaient déplacés pour glisser leur bulletin dans l'urne, preuve que la question est sensible. En haute saison, Gresse-en-Vercors peut accueillir jusqu'à 3 000 personnes. Alors forcément, toute une économie s’est développée autour des sports d'hiver.
Gresse-en-Vercors touristique et économique
Patricia Grillet est commerçante dans le village et membre du collectif Vercors-Trièves, créé en décembre 2020 pour la promotion et la défense des sports d’hiver à Gresse-en-Vercors.
"La mise en péril du domaine skiable dépend de la volonté politique. Il faut bien comprendre que l’autorité organisatrice du domaine skiable, c’est la commune, donc c’est une décision politique. Le collectif s’est attelé à regarder de près tout ce qui concernait le domaine skiable auquel effectivement, on est attaché. On croit, à Gresse-en-Vercors, en des activités quatre saisons sur une activité économique et touristique", explique la commerçante.
En août dernier, le collectif avait lancé une pétition pour demander le maintien de la dernière station de ski du Trièves "qui fait encore vivre de nombreuses familles".
S'adapter au changement climatique
L’édile affirme qu’il n’a jamais été question de fermer le domaine, mais plutôt de l’adapter au changement climatique. Il souhaitait également assainir ses finances, épinglées par la Chambre régionale des comptes.
Il quittera ses fonctions au mois de janvier, avant les élections municipales anticipées, en souhaitant d’ores et déjà "bonne chance" au prochain maire. Cinq élus de la majorité renoncent eux aussi à leurs fonctions municipales.
Pour l'heure, l'ouverture du domaine skiable de Gresse-en-Vercors est prévue le 21 décembre prochain.