"C'est une vraie mafia locale" : face au racket sur les chantiers à Grenoble, la surveillance policière renforcée

À Grenoble et dans son agglomération, les chantiers publics de construction sont victimes de rackets et d’intimidations. Le procureur de Grenoble Eric Vaillant évoque des pratiques mafieuses. Après l’arrêt total d’un chantier, la justice et l’État ont annoncé s’organiser pour stopper ce fléau : deux enquêtes ont été ouvertes pour menaces et tentatives d’extorsions.

"Nous allons être d’une grande fermeté sur tout le département", a annoncé, lors d’une conférence de presse, le préfet de l’Isère Louis Laugier. "Il faut qu’on arrête ces racketteurs, qu’on les fasse juger et qu’on les condamne à des peines de prison, car c’est ça qu’ils méritent", a ajouté Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble.

Ce lundi 11 décembre, se sont réunis les différents acteurs du BTP, l’État mais aussi la justice pour annoncer des mesures visant à "stopper un fléau qui dure depuis des dizaines d’années dans l’agglomération de Grenoble."

"Une mafia locale"

En pleine rénovation urbaine, l’agglomération multiplie des chantiers mais certains sont retardés voire totalement arrêtés, comme récemment celui de GrandAlpe - un projet d'aménagement et de rénovation au sud de la métropole -, car les entreprises sont victimes de rackets et d’intimidations.

C’est un sujet sensible sur lequel j’enquête depuis plusieurs années, sans succès. Il y a une vraie mafia locale au sens où il y a des menaces, il y a des pressions, des dégradations du matériel, du chantier. On va voir les ouvriers sur le chantier et on leur dit : 'il faut payer, sinon le chantier ne se déroulera pas correctement'.

Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoble

à France 3 Alpes

Les malfaiteurs menacent ainsi d’interrompre le chantier ou d’y mettre le feu. Le but est ensuite de forcer l’entrepreneur à embaucher telle ou telle société de gardiennage pour sécuriser son chantier. Mais une fois recrutées, les personnes ne se présentent pas sur le chantier.

"Souvent, les gens interviennent cagoulés, donc on ne sait pas les reconnaître, et puis ceux qui viennent le lundi ne sont pas ceux qui viennent le mardi, ce ne sont pas les mêmes personnes. C’est un flot continu. Il y a toute sorte de choses, ils demandent soit de l’argent, soit une embauche. Il n’y a personne qui paye pour avoir la paix mais par contre, ces personnes-là sont embauchées in fine par les entreprises. Mais après, elles ne viennent jamais sur les chantiers, cela représente un réel préjudice économique", détaille Bertrand Converso, le président de la Fédération du BTP de l'Isère.

A la suite de ces pressions et ces intimidations, dans l’agglomération grenobloise, quatre équipes d’une trentaine de personnes travaillant sur des chantiers sont en activité partielle ou en arrêt total. "Le coût que cela représente pour nos entreprises est énorme. Lorsqu’il y a des dégradations, ce sont nos primes d’assurances qui évoluent l’année d’après, ce sont des chantiers qui n’ont pas le rendement attendu, car ils sont arrêtés constamment. C'est des chantiers qui sont arrêtés parce que les plannings s’allongent. Ce sont toutes ces choses-là qui coûtent à l’entreprise", ajoute le président de la Fédération du BTP de l'Isère. 

Renforcement de la surveillance policière

Lors de la conférence de presse de ce lundi 11 décembre, des mesures ont été annoncées, comme l’augmentation des rondes policières quotidiennes, la réactivation de la convention de 2018 avec la Fédération française du bâtiment visant à lutter contre l'insécurité sur les chantiers. 

Le procureur a indiqué que deux enquêtes avaient été ouvertes pour menaces et tentatives d’extorsions, ajoutant qu’un suspect a, pour l’instant, été identifié. Les entreprises ont de nouveau été invitées à déposer systématiquement plainte par le biais d'une garantie de sécurisation et de discrétion.

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