La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est venue, ce jeudi 7 novembre, apporter son soutien aux salariés grévistes de Vencorex, l’entreprise chimique en redressement judiciaire située à Pont-de-Claix (Isère). Elle dénonce notamment une "faillite organisée" et réclame une intervention de l’État.
Ce jeudi 7 novembre, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s’est rendue devant l’entreprise du Pont-de-Claix (Isère) pour apporter son soutien aux salariés de Vencorex, en grève illimitée depuis le 23 octobre dernier.
"Déstabiliser l'industrie française"
"Cette situation est honteuse. Elle illustre l’incurie des stratégies gouvernementales et patronales", a-t-elle lâché devant une foule de journalistes, mais surtout devant plusieurs centaines de salariés sur le piquet de grève. Avant de poursuivre : "Jusqu'en 2022, tout allait bien, l'entreprise était rentable. Vencorex, c'est d'abord l'histoire d'une faillite organisée (...). Le plan était bien huilé", s'est-elle indignée, dénonçant "une opération de concurrence déloyale organisée par l'État chinois pour déstabiliser notre industrie".
Spécialisée dans la production d'isocyanates, des substances notamment utilisées dans les peintures et les vernis industriels, Vencorex a été placée en redressement judiciaire le 10 septembre, à la demande de son actionnaire, le groupe thaïlandais de pétrochimie PTT GC.
Une seule offre de reprise a été faite, celle du chinois Wanhua, principal concurrent de Vencorex, qui ne prévoit de ne conserver que 25 de ses 450 emplois, pour un million d'euros.
"On a des gouvernements qui font rentrer le loup dans la bergerie", a déploré Mme Binet. "Ici, c'est près de 5 000 emplois indirects qui sont en jeu, les productions que vous réalisez sont un enjeu stratégique pour tout le pays", a-t-elle souligné, citant les secteurs nucléaire ou aérospatial.
"Quand on ferme une usine, ce sont des territoires qui sont dévastés, ce sont des familles qui sont brisées, des vies qui sont abîmées. Il n’y pas de pires violences sociales que le chômage", a-t-elle ajouté.
"Un véritable scénario catastrophe"
Le tribunal de commerce de Lyon doit se prononcer ce jeudi sur une éventuelle prolongation jusqu'au 10 mars de la période d'observation pour l'entreprise grenobloise, ce qui lui donnerait plus de temps pour trouver des repreneurs. Si dans le pire des cas aucun ne se manifestait, l'État doit recourir à une "nationalisation temporaire comme il l'a récemment fait à Saint-Nazaire", a estimé Mme Binet.
"Ce qui se passe ici dans ce territoire du sud de Grenoble est très grave. Les salariés, les habitants de ce territoire vivent un véritable scénario catastrophe", a lancé à son tour le maire de Pont-de-Claix Christophe Ferrari. Le gouvernement doit "se réveiller et tout faire pour exiger d'Arkema", dont l'État est actionnaire, "son rachat des activités de Vencorex qui permettront sa viabilité", a-t-il ajouté.
Appel à une grande journée de convergences des luttes
Mais le géant de la chimie a fait savoir, la semaine dernière, qu'il n'était pas intéressé. Pour Mme Binet, la situation de Vencorex est "représentative mais malheureusement pas isolée". La CGT a recensé "plus de 180 plans de licenciements dans toute la France qui concernent plus de 100 000 emplois directs et indirects, essentiellement dans l'industrie".
Un chiffre "a minima puisque chaque jour, la liste s'allonge", a-t-elle relevé. La secrétaire générale de la CGT a appelé à "une grande journée de convergence de toutes les luttes pour l'emploi" en France, le 12 décembre prochain.