Il y aura bien un procès dans l’affaire Bonfanti. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble vient de rendre son arrêt, et le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti, le 22 mai 1986 à Poncharra n’est pas prescrit. Ce cold case vieux de 36 ans est donc renvoyé devant un juge d'instruction.
La défense d’Yves Chatain, mis en examen pour le meurtre de Marie-Thérèse, avait demandé en décembre dernier que les faits soient prescrits.
Yves Chatain, déjà suspecté il y a 36 ans avait été mis en examen et placé en détention en mai dernier pour enlèvement, séquestration et meurtre. Il avait avoué avoir donné la mort à la jeune femme de 25 ans, mère de deux enfants, le 22 mai 1986 à Pontcharra (Isère).
Mais les avocates du mis en cause, Me Mélanie Muridi et Me Eléonore Cruz, avaient fait valoir la prescription, qui était de 10 ans pour un meurtre à l'époque des faits - contre 20 ans aujourd'hui.
Le curseur du point de départ de la prescription ne pouvait être placé qu’à compter du jour de ses aveux
Me Bernard BoulloudFrance 3 Alpes
Un argumentaire que l'avocat de la famille Bonfanti, Me Bernard Boulloud, avait réfuté lors de l'audience de contrôle qui s'est déroulée mercredi 14 décembre : "Les motivations principales sont celles que nous avions principalement développées à savoir qu'Yves Chatain avait dissimulé le crime, la scène de crime et le corps et que le curseur du point de départ de la prescription ne pouvait être placé qu’à compter du jour de ses aveux, c’est-à-dire le 9 mai et non pas des faits, car les faits étaient inconnus de toutes les parties civiles."
Ce mercredi 24 janvier, la chambre de l’instruction de Grenoble a rendu son arrêt et a suivi l’argumentaire de Me Bernard Boulloud, et a déclaré que l’affaire n’était pas prescrite. Le dossier est donc renvoyé devant le juge d’instruction pour poursuite de l’enquête. Une bonne nouvelle pour la famille de la victime.
Un procès pour faire le deuil
Pour la famille Bonfanti, émue aux larmes à la sortie de l’audience, ce mardi matin, cette décision est un réel soulagement : "C’est un immense soulagement, nous remercions la chambre d’instruction, notre avocat, les enquêteurs qui ont travaillé dur dans cette affaire. Aujourd’hui c’est une bataille gagnée, un procès va s’ouvrir, une condamnation, nous l’espérons, sera faite et monsieur Chatain devra répondre de ses actes, même 36 ans après."
Ca permet de se dire que toute cette histoire a un sens et que peut-être elle va servir pour d’autres
Erika, fille de Marie-Thérèse BonfantiFrance 3 Alpes
Selon la fille de Marie-Thérèse Bonfanti, âgée de quatre ans et demi au moment des faits, c'est une première victoire : "A quatre ans et demi, c’est déjà une injustice, on vous enlève tout, cet homme nous a tout pris et qu’aujourd’hui que la justice nous suive ça ne rajoute pas de l’injustice sur l’injustice et c’est sûr que ça ne remplacera pas, ça ne cicatrisera rien, mais en tout cas ça permettra de se dire que toute cette histoire a un sens et que peut-être elle va servir pour d’autres."
5 jours pour faire appel
Un procès aura donc lieu si la défense ne fait pas appel. "Je souhaite voir avec monsieur Chatain ce qu’il souhaite faire de cette décision, de savoir s'il faut saisir la Cour de cassation pour que le débat ait lieu devant la Cour de cassation ou pas", a confié l’avocate de la défense à la sortie de l’audience. Elle a 5 jours pour faire appel de la décision de la chambre d’instruction.