Les syndicats agricoles majoritaires ont salué les dernières annonces du gouvernement ce jeudi 1er février, appelant à lever les blocages en France. Mais une partie de la profession ne se satisfait pas des mesures promises, notamment sur la question des revenus, faisant planer le doute sur une poursuite du mouvement.
Une victoire en demi-teinte pour les uns, un "désastre" pour les autres. Les nouvelles mesures annoncées jeudi 1er février par le Premier ministre Gabriel Attal ont été saluées par les syndicats majoritaires, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, qui ont appelé à suspendre les blocages en France.
Trois barrages sont toujours en place en Isère : sur l'autoroute A43 au péage de Saint-Quentin-Fallavier, sur l'A480 à Grenoble et sur l'A48 à Voiron. "Chaque site décidera s'il lève le blocage ou non", explique Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l'Isère, qui s'attend à une levée des barrages "d'ici vendredi".
L'attente de résultats "rapides"
"Il y a un certain nombre de mesures qui peuvent nous satisfaire", reconnaît-il, se disant vigilant sur leur mise en application. Gabriel Attal a notamment promis d'inscrire "l'objectif de souveraineté (alimentaire) dans la loi" et de consacrer "dans le code rural l'agriculture comme un intérêt fondamental de la nation".
Sur la loi d'orientation et d'avenir agricole, "on souhaite que le travail et la concertation soient lancés rapidement" pour une adoption d'ici le mois de juin, souligne Jérôme Crozat. Mais la FNSEA attend des "premiers résultats" avant le Salon de l'agriculture qui se tiendra du 24 février au 3 mars.
"Ce n'est pas une victoire complète, nuance le président de la fédération iséroise. On attendait davantage de mesures pour la trésorerie des exploitations qui sont, pour beaucoup, en souffrance."
Le Premier ministre a notamment annoncé une enveloppe de 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs et le relèvement des seuils d'exonération sur les successions agricoles pour faciliter le renouvellement des générations.
"Rien en faveur de nos revenus"
"Ce sont surtout des promesses, et rien en faveur de nos revenus du quotidien", estime Cédric Menoni, membre du conseil d'administration de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole apparenté à gauche. Il regrette un "retour en arrière" sur les phytosanitaires, alors que le gouvernement a promis que le plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides serait mis "en pause".
"Du gouvernement, on n'attendait rien mais on pensait qu'il allait être responsable, notamment pour la préservation de la ressource en eau. Mais ces annonces sont un vrai désastre", juge pour sa part Marie-Pierre Repecaud, membre du comité national de la Confédération paysanne.
Disant attendre la publication des décrets annoncés par le gouvernement, Mme Repecaud salue malgré tout la mobilisation de la profession. "Notre mouvement a permis de mettre en lumière les difficultés des agriculteurs", complète-t-elle.
Des concertations sur la suite du mouvement
"Sur les barrages, nous avons reçu beaucoup de dons par des artisans, des particuliers, et beaucoup d'encouragements", confirme Jérôme Crozat. La suite du mouvement reste incertaine de part et d'autre, la plupart des syndicats annonçant procéder à des concertations.
"On est attentifs : les infos restent encore vagues, il va falloir affiner et surtout analyser en détail tout ce qui a été dit", déclare Nicolas Merle, président des Jeunes Agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes à l'AFP. "Rien n'est gagné, on va se concerter pour voir quelle suite donner au mouvement", dit de son côté Michel Joux, président de la section Auvergne-Rhône-Alpes de la FNSEA.