VIDEO. A deux jours de la clôture du Ségur de la santé, alors que l'ancienne ministre Agnès Buzyn "défend" sa gestion de la crise devant la commission d'enquête, les personnels hospitaliers disent leur déception. Ils estiment que "c'est le terrain qui a géré la crise", comme au CHU de Grenoble.
Le Ségur de la santé s'achève ce vendredi sur la promesse de 6,3 milliards d'euros débloqués par le gouvernement. Hier encore, ils étaient des milliers à se mobiliser encore une fois dans la rue, 200 personnes, de tous les métiers de l'hôpital, à Chambéry, un peu plus de 400 à Grenoble entre autres villes de l'hexagone.
Un mouvement à bout de souffle, qui jette ses dernières forces dans la dernière ligne droite mais qui estime avoir perdu la bataille.
Au même moment, à Paris, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Agnès Buzyn, ministre de la Santé à l'époque (démissionnaire le 16 février pour entrer en campagne aux municipales de Paris) tentait de défendre sa gestion de le crise du COVID-19, à la première personne du singulier, notamment à l'apparition des premiers clusters détectés.
L'un des premiers cas et clusters, c'était dans les Alpes, en Haute-Savoie, en février, dans un chalet des Contamines-Montjoie "On était alors en phase 1 de la pandémie, se souvient l'ancienne ministre, je suis alors dans la détection des foyers d'infection" .
Cluster de Haute-Savoie : "Ca a fonctionné, tout le monde a été testé"
Agnès Buzyn s'explique : "Nous n'étions pas encore en phase de circulation du virus, dans une logique de test à grande échelle (...) En Haute-Savoie, ça a fonctionné, on a pu tester les 200 enfants, les familles, retracer les contacts dans le chalet, isoler les malades ou mettre en quarantaine".
"Les ARS et les directions étaient débordées, ce sont les gens de terrain qui ont prouvé qu'ils savaient répondre à une telle crise"
La crise a-t-elle été bien ou mal gérée par les responsables ? "Nous n'avons encore pas assez de recul pour le dire", a estimé sur le plateau de France 3 Alpes ce mercredi 1er juillet le docteur Raphaël Briot, anesthésiste-réanimateur au CHUGA à Grenoble, (porte-parole syndical de la profession, mais aussi de toutes les spécialités et statuts de l'hospitalier). "Ce que l'on sait, c'est que les Agences régionales de santé, les directions étaient débordées, et que ce sont les praticiens, les gens de terrain qui se sont saisis des affaires, qui ont démontré qu'ils étaient capables de faire face et de gérer une crise sanitaire d'une telle ampleur".
"Ce sont les praticiens qui dans les régions sous pression, ont organisé les transferts de malades, ailleurs en France, ou encore en Allemagne, où près de 170 personnes souffrant du Covid ont été prises en charge"...
"Il faudrait au moins le double pour remettre l'hôpital à flot"
Et l'anesthésiste se fait le porte-parole de tous ceux qui font fonctionner l'hôpital, pour affirmer la déception de tout le monde : "Ca fait des années qu'on descend dans la rue, qu'on tire l'alarme, bien avant la crise du Covid, en février on y était encore".
6,3 milliards d'euros débloqués ? "Ca peut paraître beaucoup, mais ce n'est rien quand vous entendez les milliards qui volent en ce moment, des milliards débloqués pour Airbus ou d'autres, alors qu'on ferme des lits, que les infirmières sont payées au SMIC, que notre secteur est sous tension permanente.(...) Après les belles paroles d'Emmanuel Macron, son "je vous ai compris", ou "la santé n'est pas une marchandise", nous sommes tous extrêmement décus. Il faudrait au moins le double, au moins...", conclut-il.