Les kinésithérapeutes ont été autorisés à reprendre les consultations à distance pendant le confinement. Une application développée à Grenoble leur permet de proposer des exercices adaptés à chaque patients. Mais beaucoup, comme les personnes âgées isolées, restent hors du champ de ce dispositif.
Ils font partie des professionnels de la santé et pourtant, les kinésithérapeutes ne peuvent plus exercer depuis le début du confinement, hormis pour des urgences et hors de leurs cabinets. Bouffée d'oxygène en pleine crise du coronavirus, le ministère de la Santé vient de les autoriser, par un arrêté du 16 avril, à dispenser de nouveau certains soins à distance, en vidéo-consultation.
A Seyssins (Isère), Charly Bossu, masseur-kinésithérapeute, reprend ses séances après cinq semaines d'inactivité. Il peut enfin dispenser des soins à quelques patients en s'aidant d'une application mise au point avec un informaticien de Grenoble : MonKiné.
"Ca permet d'avoir un suivi avec nos patients, de continuer les rééducations quand on peut les faire à distance", résume Charly Bossu. L'application, complètement gratuite, propose une base de 400 mouvements et exercices sur téléphone portable avec des consignes précises, des photos et vidéos pour que le patient travaille à distance et en autonomie.
Elle permet aux kinésithérapeutes de compléter leurs consultations à distance en proposant des exercices adaptés à chaque patient. "Cette application, ça permet de vérifier qu'on fait (les mouvements) correctement, se remémorer tout ce qu'on a pu se dire pendant la séance. C'est très pratique", témoigne Chantal Hugonnet, une patiente de Charly Bossu qui peut avoir accès à des séances grâce à ce dispositif.
Mais tous ne peuvent pas bénéficier de ce support numérique, ni du télésoin. "Nous sommes avant tout une profession de contact", nuance David Van Outryve, président de la Fédération nationale des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs de Savoie (FFMKR 73). Une application ne peut remplacer les massages et autres gestes de soin.
"Ca ne fait pas tout"
Ce mode de fonctionnement laisse une partie de la patientèle de côté : les personnes âgées, pourtant nombreuses à consulter les kinésithérapeutes, et tous ceux qui ne sont pas familiers avec les outils numériques. "Le télésoin est une bonne avancée (...) mais ça ne fait pas tout", résume David Van Outryve, alertant à nouveau sur le manque de masques pour les soignants libéraux. Une protection nécessaire pour les kinés qui continuent d'effectuer des consultations à domicile auprès, notamment, des personnes âgées dépendantes ou des patients polyhandicapés.
"On veut en acheter, mais on n'a pas de filière attitrée pour en commander", alerte le kiné qui doit se contenter de six masques chirurgicaux par semaine distribués par son pharmacien, alors qu'il lui en faudrait une vingtaine. Tout comme les médecins généralistes qui alertent sur la baisse des consultations, David Van Outryve s'inquiète de voir certains patients disparaître des radars, par peur du contexte sanitaire.
"Tous ces gens qui ne se rééduquent plus, il faudra les prendre en charge tôt ou tard", craint-il, plaidant pour un redémarrage de l'activité des kinésithérapeute dans de bonnes conditions sanitaires. Alors que le déconfinement doit s'amorcer le 11 mai, aucune piste n'a encore été donnée par le gouvernement sur une réouverture, ou non, des cabinets de kinésithérapie.