Des contrôleurs en civil bientôt déployés dans les transports en commun à Grenoble ? Un syndicat dénonce une "mise en danger" des salariés

M Tag, en charge du réseau de transports de l'agglomération grenobloise, envisage de déployer des contrôleurs en civil dès septembre. Un projet pour lutter contre la fraude et augmenter les recettes de cette société publique locale. Le syndicat Force ouvrière dénonce une politique qui "met en péril" la sécurité des agents.

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Exit l'uniforme bleu marine. Les contrôleurs des transports en commun grenoblois pourraient revêtir prochainement leurs habits du quotidien. Le projet de M Tag prévoit de déployer des agents de contrôle, d'information et de prévention (ACIP) en civil pour limiter la fraude, devenue un réel "manque à gagner".

Dans un rapport publié début 2023, la Chambre régionale des comptes estimait que les incivilités représentaient un coût de 8 millions d'euros pour M Tag. Un chiffre dont a pris acte le Smmag (Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise), qui souhaite mettre l'accent sur la lutte contre la fraude. 

"Cela en arrive déjà parfois aux mains"

Le taux de fraude a pourtant diminué l'an dernier. Après avoir atteint 13,2 % fin 2022, il s'élevait en 2023 à 10,3 %. Un net recul que souhaite poursuivre la direction. Lors de la dernière réunion du CSE, elle a dévoilé son projet de déploiement de contrôleurs en civil dans les transports. 

Une piste rapidement écartée et dénoncée par le syndicat Force ouvrière, majoritaire au sein de la société de transports. "A part se mettre en danger et assimiler cela, auprès des jeunes de quartier, comme une technique policière, il n'y a aucun intérêt. On va mettre en danger la vie privée des agents. Que va-t-il se passer lorsqu'ils se baladeront avec leur famille dans le bassin grenoblois ?", demande Georges Garcia, délégué syndical FO M Tag.

La principale crainte des syndicats se situe à la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Chaque jour, une quarantaine des 86 agents opère sur le terrain pour vérifier "que tous les voyageurs sont en règle, c'est là notre cœur de métier", alarme Georges Garcia.

Selon le responsable syndical, les agents de contrôle, d'information et de prévention travaillent déjà dans un climat de tension. "Ils ne sont déjà pas épargnés par les incivilités et, pour les cas les plus graves, cela en arrive parfois aux mains. Lors de contrôles, cela arrive. Les contrôles en civil vont accentuer cela."

Une période d'essai sur la base de volontariat

Force ouvrière dénonce ainsi une politique de chasse à la fraude au détriment de la sécurité des agents. En cas de rupture du dialogue social, le syndicat n'exclut pas de durcir la contestation par exemple "en diminuant la productivité".

Le président de M Tag, Jean-Paul Trovero, assure qu'il ne s'agit pour l'heure que d'un projet : "Il n'y a pas de validation définitive et politique." La direction envisage de mettre en place une période d'essai qui pourrait débuter dès la rentrée de septembre.

"Cela se fera sur la base du volontariat et non d'une obligation. L'objectif de cette période d'essai sera de mesurer les avantages et les inconvénients, car on sait que des contrôles en civil existent déjà sur d'autres réseaux de transports en commun. Mais ce n'est pas parce que les retours sont positifs qu'ils le seront aussi à Grenoble", précise Jean-Paul Trovero.

Ces premiers contrôles en civil s'effectueront sur les lignes de bus du réseau Tag. Les tramways ne sont pour l'instant pas concernés par ce nouveau dispositif. "C'est dans les bus que nous avons le plus de soucis et de fraude. Cela se concentre notamment sur les lignes qui relient ou sont en périphérie de Grenoble", détaille le président de M Tag.

Malgré la base de volontariat envisagé sur ce projet, Jean-Paul Trovero insiste sur l'importance d'engager des moyens de lutte contre la fraude. La société publique locale (SPL) M Tag doit répondre aux objectifs contractuels auprès du Smmag et de Grenoble Alpes Métropole.

La prime annuelle de performance au cœur des crispations

L'objectif principal fixé par le Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise est d'atteindre un montant de recettes de 1,4 million d'euros. Pour cela, une proposition aurait été formulée aux salariés et syndicats afin de renouveler l’accord sur "la prime annuelle de performance collective".

Mais Force ouvrière ne voit aucun avantage à cette proposition destinée aux agents du service "contrôle, prévention et sécurité". "On n’est pas là pour faire une course aux PV. L’objectif principal est de faire en sorte que les voyageurs soient tous en règle", conteste Fernando Martins, secrétaire et délégué syndical FO M Tag.

Cette prime peut s'élever jusqu'à 600 euros par an. Mais le syndicat souhaiterait revoir ses critères pour une base prise sur "la baisse du taux de fraude avec des effectifs supplémentaires pour y parvenir, où tous les salariés de M Tag seraient primés."

Le président de la société de transports revendique lui une prime de "risques", et en aucun cas une course effrénée aux PV. "On ne demande pas de faire du chiffre. On ne leur demande pas de se déguiser en cow-boys. On est conscient qu'il s'agit d'un métier à risque, surtout dans le contexte actuel", confie Jean-Paul Trovero. Force ouvrière, syndicat majoritaire à M Tag, a refusé de signer l'accord et attend de nouvelles négociations.

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