Le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, quittera ses fonctions à la fin de cette année 2018, après 6 années dans la capitale des Alpes. Affaire Maëlys, violence dans la ville, invité du 19/20, il est revenu sur les dossiers qui l'ont particulièrement marqué.
Jean-Yves Coquillat était l'invité du 19/20 ce mardi 11 décembre 2018. Après 6 années passées dans la capitale des Alpes, le procureur de Grenoble quittera ses fonctions à la fin du mois de décembre. Dans notre journal, il est revenu sur les affaires qui l'ont le plus marqué ces dernières années, au premier rang desquelles la disparition et la mort de la petite Maëlys.
Avant d'aborder l'affaire Maëlys et celle des violences à Grenoble, Jean-Yves Coquillat a d'abord évoqué la grogne sociale et les manifestations parfois violentes. Les gilets jaunes et les lycéens ont multiplié les actions ces dernières semaines mais pour lui, "Grenoble a plutôt été épargné par les violences. On a pas connu ce qui s’est passé dans des villes comme Saint-Etienne, Bordeaux ou d’autres villes. Les manifestants ont été plutôt calmes et il n’y a pas eu de débordements. Il n’y a eu qu’une personne qui a été jugée en comparution immédiate, qui avait jeté une pierre sur un gendarme au péage de Voreppe. Pour le reste, les gilets jaunes ont plutôt été respectueux."
Une ville violente
Le procureur avait estimé en juillet 2017 que Grenoble était une ville "gangrenée par le trafic de drogue". Selon lui, rien ne semble avoir vraiment changé : "Je ne pense pas que la situation ait beaucoup évolué. J’ai dit parfois que nous vidions l’océan avec une cuillère, c’est un peu ce que nous essayons de faire. Il y a un marché extrêmement important, il y a une clientèle. La police fait son travail, la justice aussi. Il y a régulièrement des gens qui sont jugés en comparution immédiate, des gens qui sont condamnés. Mais ces trafiquants, une fois qu’ils ont été éliminés du circuit un moment, et bien d’autres prennent leur place. Du trafic de drogue, il y en a partout et toujours au même niveau hélas".
La violence, pour Jean-Yves Coquillat, tiendrait du "phénomène culturel" : "Il y a le poids de l’histoire. Grenoble est une ville violente et ce n’est pas nouveau. Il y a une histoire de banditisme, une histoire de règlements de compte et il y a un niveau très élevé de violence. Cette violence, elle varie selon les années, il n’empêche que pour une ville de cette taille, on ne peut se satisfaire de cette situation".
La disparition de Maëlys
Mais c'est sans doute l'affaire de la disparition de la petite Maëlys qui a le plus touché le procureur de Grenoble : "Toutes les affaires d’homicide d’enfants nous touchent. Celle-ci particulièrement parce qu’on cherchait le corps de Maëlys depuis le début, que ce soir-là (NDLR : le 14 février 2018) on venait de le retrouver. Là, l‘enquête s’est pratiquement déroulée sous les yeux des spectateurs parce que ça venait de se produire quand je l’ai annoncé, après avoir prévenu les parents. Il y a à la fois une satisfaction de pouvoir donner cette première partie de réponse mais aussi cet aspect bouleversant de découvrir que ce qu’on craignait est arrivé. Et ce sont des affaires dont on ne sort pas indemne".
Voir l'intégralité de l'interview du procureur de Grenoble dans le 19/20 du mardi 11 décembre 2018. Il est interrogé par Marie Michellier.