Ecole musulmane d'Echirolles : la direction veut porter plainte contre Jean-Michel Blanquer pour diffamation

L’école musulmane Philippe Grenier à Echirolles annonce ce lundi 29 avril 2019 vouloir porter plainte contre le ministre de l’Education nationale. Elle accuse Jean-Michel Blanquer d'avoir présenté l'établissement comme étant d’inspiration salafiste et annoncé sa fermeture.

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Une école privée musulmane d'Echirolles en Isère a décidé de porter plainte pour diffamation contre le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer qui l'avait décrite comme "d'inspiration salafiste" et avait annoncé sa fermeture. 

La direction de l’école a demandé à son avocat d’agir en justice "contre toutes les personnes y compris le ministre qui a tenu les propos diffamatoires". Selon Me Michaël Bendavid, l'école privée Philippe Grenier -  du nom du premier député musulman de France - souhaite porter plainte auprès de la Cour de Justice de la République contre le ministre.

Maître Bendavid explique que le ministre de l'Education nationale n'a pas le pouvoir de fermer une école, "tout comme le ministre de l'Intérieur n'a pas le pouvoir de faire arrêter quelqu'un. C'est à la justice de décider." 

Il y a eu une première décision de fermeture, mais depuis l'école a fait appel. Un avis d'audience a été fixé au 1er juillet mais le second procès devrait se tenir bien plus tard. 
 

Premier jugement en février 

Le 12 février l'école comparaissait devant le tribunal correctionnel de Grenoble.

Après plusieurs contrôles comme c'est l'usage pour une nouvelle école (elle a été créée en 2016-2017), un collège d'inspecteurs avait conclu à d'importantes carences dans l'enseignement. L'Education nationale avait donc fait un signalement auprès de la justice. 

Le jour de l'audience, le ministère public seul avait prononcé le mot "salafisme" dans son réquisitoire, il n'avait pas été question de religion par ailleurs.

La décision de fermeture n'ayant pas été assortie d'une mesure d'exécution provisoire, et l'appel étant suspensif, l'école fonctionne toujours. Elle a donc rouvert ses portes comme d'habitude le jour de la rentrée. 
 

Des parents inquiets


Devant le portail, les parents d'élèves se sont dits choqués par le terme de salafisme. "Je ne comprends pas", explique Soumiya, maman de trois fillettes scolarisées dans l'école. "C'est un terme très négatif, associé au terrorisme". 

"Lorsque j'ai reçu la lettre du rectorat me disant que je devait scolariser mes enfants ailleurs, j'ai eu très peur. Je ne comprenais pas"
confie-t-elle. 

L'avocat de l'école ajoute de son côté :"Je travaille sur des dossiers de terrorisme, je sais ce que c'est que le salafisme, et je peux vous assurer que ça n'a rien à voir avec cette école"

Il rappelle que celle-ci, qui dispense des cours de la maternelle au CM2, avec une dizaine d'heures d'enseignement religieux hebdomadaires, est née en 2016 "du constat que beaucoup de familles religieuses (d'Échirolles) ne scolarisaient pas leurs enfants faute de projet pédagogique adapté".

Il pense que cette réputation de salafisme avait pu prendre corps après des propos d'une personne "ensuite éjectée du projet", sur "les vices" de l'enseignement laïque.
 


Un enseignement jugé insuffisant


L'avocat dénonce des contrôles multiples de l'école depuis son ouverture, "un acharnement à visée politique" selon lui, et les critiques sur le personnel enseignant, "qui n'aurait pas le niveau". "Ce sont des professeurs formés comme les autres", soutient-il. 

Sur la question de l'enseignement, Soumiya affirme que ses fillettes travaillent très bien, qu'elles sont très bien suivies. Sa petite fille de 5 ans savait lire en maternelle, dit-elle. 

"J'ai un BAC + 5, mes filles ont été scolarisées en écoles publiques et privées catholiques. Je pense que je peux juger de la qualité de l'enseignement de cet établissement." 

Aymeric Meiss, le directeur de cabinet de la rectrice d'Académie, affirme de son côté que c'est le rôle de l'Education nationale de s'assurer que l'instruction dispensée est conforme au socle républicain, que l'enfant bénéficie de l'ouverture nécessaire pour devenir un adulte qui trouve sa place dans la société. 

L'école pour sa part a lancé la semaine dernière une pétition, qui a déjà recueilli 813 signatures, dans laquelle elle demande notamment, "aux politiques et aux médias, d'agir avec responsabilité et d'éviter les insultes, les amalgames et la stigmatisation à l'encontre de cette école, donc du public qui la fréquente".

 
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