Eric Piolle rencontrait Gérald Darmanin ce lundi après les événements qui ont agité le quartier Mistral quelques semaines auparavant. A la suite de cette entrevue, le maire de Grenoble a annoncé la venue de 14 policiers supplémentaires.
Une rencontre place Beauvau pour "dialoguer en dehors des réseaux sociaux". Le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle rencontrait Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur, lundi 21 septembre. Un entretien organisé à la suite des événements survenus au quartier Mistral où des vidéos de trafiquants armés ont agité le débat, fin août.
S'en était suivie une passe d'armes entre l'édile grenoblois et le premier flic de France, l'un dénonçant "un coup de com'" du ministère, le second reprochant "le manque d'implication de la ville" dans les opérations policières. "Sortir du buzz, sortir des réseaux sociaux, ça permet d'avoir un dialogue et de partager des stratégies", a réagi Eric Piolle au sortir de sa rencontre avec le ministre de l'Intérieur.
"Je suis venu parler des quartiers populaires qui ont une attente d'égalité républicaine et qui sont victimes de discrimination lors de buzz gouvernementaux comme celui-là", a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse. C'était la promesse du maire écologiste qui commence à se faire un nom sur la scène politique nationale à l'aube de la présidentielle de 2022.
Comme je lui ai proposé, échange cet après-midi avec Eric Piolle place Beauvau, pour faire un point sur le nécessaire renforcement de la sécurité dans la ville de #Grenoble. (1/2) pic.twitter.com/NwauSVHUzw
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) September 21, 2020
14 policiers supplémentaires
Les deux hommes ont échangé sur les problèmes de sécurité dans la capitale des Alpes, le trafic de drogue. En ressort une annonce : les effectifs de police vont être rehaussés de 3%, ce qui représente 14 fonctionnaires supplémentaires, a annoncé M. Piolle. "On accueillera ces policiers avec plaisir (...) pour nous, c'est nécessaire d'avoir plus de policiers à Grenoble", a-t-il réagi. Gérald Darmanin parle, dans un communiqué, de "coopération renforcée dans un contexte particulièrement sensible à Grenoble". Il rappelle que l'Etat y a déjà affecté 100 agents supplémentaires depuis 2014.
Il s'agit, selon le ministère, de "rattraper (le) retard (de Grenoble, NDLR) en termes de sécurité publique" malgré "des idéologies peu favorables à l'action de la police". Parmi les propositions de M. Darmanin : augmenter le nombre de caméras de vidéoprotection, généraliser les "opérations organisées conjointement et dans tous les quartiers de la ville", renforcer les effectifs de police municipale et l'armer.
Au sujet des caméras de vidéoprotection, Eric Piolle a déjà décliné une proposition de financement du président de région Laurent Wauquiez. Sur la question de l'armement de la police municipale, le maire de Grenoble a déclaré que ce n'était "pas (son) choix". L'élu a ensuite taclé la politique nationale en matière de sécurité, dressant un "diagnostic d'échec de la part des gouvernements successifs". "Je ne sais pas encore, en sortant de ce rendez-vous, quelle sera la mesure de l'échec ou du succès de cette politique du tout-répressif. Quand pourra-t-on dire que cette politique répressive a fonctionné ou pas ?"
Un sondage paru quelques heures avant cette rencontre a démontré que 79% des Grenoblois estiment que la sécurité est un enjeu majeur pour la ville. D'après cette même enquête d'opinion, 50% d'entre eux disent avoir le sentiment de vivre en sécurité, et 47% disent le contraire. L'avocat grenoblois Hervé Gerbi, commanditaire du sondage, souhaitait voir les "Grenoblois être les arbitres du match sur la répartition des rôles en matière de sécurité entre le maire et le gouvernement".