Eric Piolle va être reçu par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin le 21 septembre pour échanger sur la sécurité, après la polémique qui enfle dans le quartier Mistral. Le maire de Grenoble veut se saisir de cette invitation pour porter "la voix des quartiers populaires".
Une réunion de travail place Beauvau en point d'orgue à la polémique dont le quartier Mistral a été l'épicentre ? Le maire de Grenoble Eric Piolle va être reçu par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin le 21 septembre. Tous deux s'étaient écharpés autour des opérations policières qui ont eu lieu à la cité Mistral de Grenoble après la publication de vidéos montrant des trafiquants de drogue lourdement armés.
Eric Piolle avait dénoncé "un coup de com'", puis Gérald Darmanin lui avait reproché "le manque d'implication de la ville" dans ces opérations des forces de l'ordre. La passe d'armes a duré plusieurs jours, jusqu'à ce que le maire de Grenoble invite le ministre à organiser un débat public pour "sortir des réseaux sociaux et venir débattre en élu de la République pour proposer des stratégies et des moyens". L'affaire se réglera finalement lors d'une réunion de travail au cours de laquelle Eric Piolle veut porter "la voix des quartiers populaires qui, partout en France, vivent des situations complexes".
"Le trafic de drogues dans toutes les villes de France et à Grenoble est une question qui ne va pas assez vite, aussi parce qu'il y a une hypocrisie majeure de la part du gouvernement, estime-t-il sur le plateau de France 3 Alpes. Nous avons la loi la plus répressive d'Europe avec des résultats désastreux puisque nous avons aussi le record d'Europe de consommation de drogue chez les jeunes (...) et dans le même temps, le gouvernement Macron a décidé il y a deux ans et demi d'intégrer le trafic de drogues au PIB. D'un côté, on dit que c'est une activité économique comme les autres, et de l'autre on a des lois qui sont extrêmement répressives et qui mettent les policiers dans des situations intenables. Ils vont écoper la mer à la petite cuillère."
"Changer les règles du jeu"
"Il y a des choses extrêmement riches qui s'y déroulent (à Mistral, NDLR), mais aussi une stigmatisation très forte et une nécessité de changer les règles du jeu par rapport au trafic", a estimé l'élu qui était l'invité du journal des Alpes. Il a également dénoncé "un buzz dans lequel le gouvernement et le ministre de l'Intérieur ont choisi de rentrer". "Je pense qu'il faut (en) sortir, que le gouvernement arrête les coups de menton, que le ministre de l'Intérieur arrête les coups de menton."
Énumérant les récentes affaires survenues dans des quartiers populaires de Nice, Dijon ou Toulouse, Eric Piolle a évoqué la "nécessité (...) d'arrêter de stigmatiser tour à tour, semaine après semaine, telle ville, tel quartier". "Il faut faire ce travail d'intérêt général au service des habitants. (Mistral) est un quartier qui est complexe, avec beaucoup de richesses, on le voit au quotidien. Les services publics y sont présents et c'est ça qu'il faut montrer."
L'affaire du quartier Mistral fait actuellement l'objet d'une enquête judiciaire. Clip de rap ou scène de trafic ? C'est l'une des questions au coeur des investigations. Un rappeur grenoblois affirme que le tout n'était qu'une mise en scène avec des armes factices destinée à "faire le buzz". Les auteurs doivent être prochainement interrogés par la police judiciaire de Grenoble.