Vendredi 12 mars, le maire EELV de Grenoble Eric Piolle s’est rendu dans l’Eure pour l'un de ses déplacements hebdomadaires. L’objectif : creuser le sillon de l'écologie à l'approche des régionales et rencontrer les militants avant la primaire des Verts et la présidentielle.
D'une pierre deux coups. Ce vendredi 12 mars, le maire Europe Ecologie Les Verts de Grenoble s’est déplacé dans l’Eure pour aller à la rencontre de militants.
S'engager à fond dans les élections régionales, où les écologistes veulent refaire le coup réussi des municipales de 2020, est un préalable pour qui, comme lui, souhaite être dans la course de la désignation interne de septembre pour la présidentielle.
Dans le train qui le mène en terres normandes pour deux jours, Eric Piolle affiche sa satisfaction après l'accord trouvé par les quatre principales forces de gauche en Hauts-de-France derrière une tête de liste EELV, Karima Delli. "C'est majeur: là où il y un grand risque que le RN gagne, il y a cette dignité de notre espace politique".
"Espace politique" et "arc humaniste" sont les maître-mots de la stratégie de cet écologiste qui veut lui aussi rassembler la gauche derrière lui, du PS à LFI.
Rencontres paysannes et militantes
Dans l'Eure, Eric Piolle a choisi de visiter deux fermes offrant un contre-modèle à l'agriculture intensive honnie par les écologistes : de taille modeste, bio, à la production diversifiée et vendue localement.
Il souhaite aussi contre-attaquer sur la possibilité de manger moins de viande, de meilleure qualité, quelques semaines après une polémique sur l'absence de viande dans les cantines de Lyon, ville conquise l'an dernier par un Vert.
L'édile grenoblois en est convaincu, l'écologie politique n'a qu'à se pencher pour cueillir une opinion publique prête à changer ses habitudes. De sa voix douce, sans envolée oratoire, il prône un discours moins porté sur "l'urgence" planétaire que ce que les écolos font parfois.
"En se référant à la peur on met certes en mouvement, mais un petit nombre de personnes seulement, pas la société entière", explique-t-il à l'AFP. Selon lui, les Verts doivent miser sur le "désir d'appartenance collective et la volonté d'épanouissement : manger moins de viande n'est pas une restriction de liberté mais le moyen d'être en meilleure santé, de favoriser l'économie locale et de faire quelque chose pour la planète".
Un déplacement très chiraquien
Les visites à la ferme sont ponctuées d'échanges autour d'un cidre, d'un saucisson ou d'une tarte tatin. "Une vache, une bouteille : c'est un déplacement très chiraquien!", s'esclaffe Marine Tondelier, qui coordonne la campagne d'Eric Piolle.
L'occasion de rencontrer les militants, comme Thierry, venu de Gisors. L'eurodéputé Yannick Jadot, l'ex numéro 2 des Verts Sandrine Rousseau et Eric Piolle : les trois candidats probables à la primaire de septembre "sont tous très bons", selon ce militant chevronné. "La différence se fera sur la personnalité et la radicalité du candidat", ajoute-t-il en confiant son penchant pour Eric Piolle, tandis que "Jadot est plus consensuel".
Si Yannick Jadot a demandé dans les médias à élargir la primaire à, pourquoi pas, les socialistes, Eric Piolle semble se satisfaire d'une désignation interne classique loin, pour l'instant, des feux de la rampe.
"Pour être heureux vivons cachés", plaisante Marine Tondelier, par ailleurs organisatrice des Journées d'été du parti. Elle avoue son "incompréhension" face à la demande de Yannick Jadot : "Les règles de la primaire ne se débattent pas dans la presse". "Chacun joue avec ses cartes, nous on est dans une politique de terrain pour voir les militants là où ils vivent", affirme Marine Tondelier.
Pour un ancien élu Vert, bon connaisseur des rouages du parti, "Piolle mène une stratégie éprouvée par le passé : quand le corps électoral d'une primaire est restreint, ce ne sont pas les sympathisants ou les journalistes qui font le vote mais les militants".
"Il fait une campagne sans faire de vagues, convaincu d'être au barycentre du parti", poursuit cette source, qui prévient cependant : "Il ne suscite pas non plus un enthousiasme énorme. Jadot quand il parle on retient quelque chose, Piolle c'est davantage une récitation".