L'immeuble du Carrare à Échirolles (Isère) reste fermé pour l'instant, trois semaines après l'évacuation des habitants. La mairie avait procédé à leur relogement en hôtel en raison d'un "danger de mort permanent" dû au risque d'incendie d'installations électriques. Le bâtiment était aussi un point de deal important dans l'agglomération grenobloise.
Près de trois semaines avec l'évacuation des habitants de l'immeuble du Carrare, la maire d'Échirolles, Amandine Demore (PCF) a organisé, ce mardi 15 octobre, une conférence de presse pour faire le point sur la situation du bâtiment. "L'objectif avec la fermeture du bâtiment était la mise en sécurité des locataires, ils ont été pris en charge dans un hôtel et déjà deux ou trois d'entre eux ont eu accès à un logement social", explique l'édile. Les frais d'hôtel ont été pris en charge par l'Etat puis par la collectivité.
Une vingtaine d'habitants vivaient encore sur les lieux au moment de l'évacuation le 27 septembre. La dégradation de leurs conditions de vie découlait, selon la maire d’Échirolles, de l’important trafic de drogue au sein et autour de l’immeuble.
Décision attendue des copropriétaires
Les travaux de sécurisation des parties communes n'ont pas encore commencé. Les copropriétaires des logements doivent se réunir en assemblée générale ce vendredi 18 octobre pour annoncer leur décision. Deux arrêtés de mise en sécurité et d'évacuation de l'immeuble avaient été signés par la mairie, suite à la mise en lumière de risque d'incendie et électrique, mettant en "danger de mort permanent" les habitants des 80 appartements de l'immeuble.
L'accès à l'immeuble reste interdit. La maire reste dans l'attente de la décision des propriétaires. Reste à savoir si la copropriété aura les moyens de financer les travaux. Même si le code de l'urbanisme permet à la mairie de "s'impliquer" dans les chantiers du bâtiment, l'édile reste prudente. "Il faudra discuter avec les propriétaires pour voir les suites données, aucune destruction n'est envisagée", souligne-t-elle.
Considéré comme un important point de deal dans l'agglomération grenobloise depuis 2021, l'immeuble a été visé par des opérations de police menées dès le lendemain de l'évacuation. Des interpellations et des saisies de drogue avaient eu lieu.
Selon Amandine Demore, ce 15 octobre, le trafic aurait été nettement fragilisé dans le quartier : "On ne crie pas victoire trop vite, la lutte contre le narcotrafic est un combat de longue haleine. Mais on continue de mettre la pression pour que [les trafiquants] ne s'installent pas ailleurs." Le risque reste que le trafic se déplace dans les rues voisines ou dans le centre-ville. "On a enlevé leur base arrière où ils pouvaient se cacher, on sent une tension et une crispation des acteurs du trafic", assure la maire. Ce matin, à quelques mètres du bâtiment, le trafic semblait pourtant perdurer selon nos équipes sur place.
28 nouveaux policiers
Fin août, la maire d'Échirolles avait adressé un courrier au président de la République afin de réclamer un commissariat de plein exercice, ouvert 24/24h sur la commune, en plus d'un poste de police existant. Mais cette demande a été refusée par Emmanuel Macron. "Voilà plus de 20 ans qu'on demande ce commissariat, il manque 110 policiers sur l'agglomération et il est justifié d'avoir une présence des forces de l'ordre sur cette zone", rappelle l'édile. Toutefois, le président a annoncé l'arrivée de 28 effectifs de police supplémentaires en novembre, une "petite victoire", selon l'édile. "On est loin du compte, la situation de la sécurité publique reste très tendue."
"Il faut une présence permanente de la police, cela permettra une rapidité d'intervention mais aussi de retrouver une police de proximité alors que les relations police-habitants sont dégradées", estime Amandine Demore. Cette semaine, les habitants de la commune seront sollicités par courrier pour signer une pétition adressée au chef de l'Etat demandant, à nouveau, un commissariat.