Garde à vue, versions contradictoires, expertise psychiatrique : ce que l'on sait de l'agression d'un élu qui collait des affiches pour Olivier Véran

Un homme de 26 ans a été placé en garde à vue ce jeudi après l'agression de Bernard Dupré, adjoint au maire de La Tronche, qui collait des affiches pour la campagne d'Olivier Véran. Le suspect, qui évoque des "violences réciproques" et dément être un militant de La France insoumise, est en cours de défèrement devant le parquet.

Bernard Dupré, adjoint au maire (divers gauche) de La Tronche, a déposé plainte jeudi 4 juillet après avoir été victime de violences. L'élu a reçu un coup de poing au visage alors qu'il collait des affiches pour la campagne d'Olivier Véran (Renaissance), candidat aux élections législatives sur la première circonscription de l'Isère.

Un suspect de 26 ans a été placé en garde à vue jeudi après-midi. Il a fait l'objet d'une expertise psychiatrique, ce vendredi 5 juillet, portant sur des troubles du spectre de l'autisme, selon son avocate. Il est actuellement déféré devant le parquet de Grenoble en vue de sa convocation devant le tribunal correctionnel le 4 septembre prochain. Voici ce que l'on sait de l'affaire.

Bernard Dupré agressé en pleine campagne

L'élu municipal de 77 ans a été victime d'une agression à La Tronche ce jeudi en milieu de matinée. Alors qu'il collait des affiches pour le député sortant Olivier Véran, Bernard Dupré dit avoir été approché par un individu qui "a essayé de prendre les affiches qui restaient dans le coffre de (sa) voiture pour les déchirer."

L'adjoint au maire lui aurait demandé s'il était "de La France insoumise" et ce dernier "a confirmé". Lorsqu'il a demandé à l'individu de rendre les affiches qu'il venait de subtiliser, celui-ci lui aurait "donné un coup de poing à l'œil droit avant de fuir en courant."

"Je l'avais déjà repéré avant l'agression à attendre autour de mon véhicule", assure Bernard Dupré qui a déposé plainte peu de temps après et a fait l'objet d'une ITT de trois jours. "Le choc est davantage psychologique que physique", confie-t-il.

Le parquet de Grenoble a ouvert une enquête pour vol avec violence, "des tracts électoraux ayant été dérobés", a indiqué le procureur de la République, Eric Vaillant.

Le suspect parle de "violences réciproques"

Un homme de 26 ans, suspecté d'avoir commis ces violences, a été placé en garde à vue en milieu d'après-midi ce jeudi. "Mon client est allé de lui-même au commissariat pour porter plainte, pas pour se rendre", affirme son avocate, Me Mégane Basset.

Le suspect dit "avoir été frappé en premier" par M. Dupré "et avoir donné un coup de poing en légitime défense", rapporte le parquet, ce que l'élu a formellement démenti auprès de France 3. "Je n'ai porté aucun coup", nous indique-t-il, joint par téléphone. "Je n'ai pas à rougir de quoi que ce soit. C'est lui qui m'a agressé, c'est lui qui est venu voler les affiches dans ma voiture."

"A ce stade de l'enquête, il y a des divergences entre les déclarations, notamment sur la chronologie, l'origine de l'altercation mais aussi sur l'existence de violences réciproques", ajoute le conseil du suspect.

Une expertise psychiatrique menée

Par ailleurs, le jeune homme dément être militant de La France insoumise et conteste avoir tenu ces propos auprès de Bernard Dupré. "Il a déclaré n'avoir jamais été encarté nulle part, n'avoir jamais milité pour aucun parti politique", assure Me Basset pour qui ces faits n'apparaissent "pas être une violence calculée, politique, de la part de (son) client."

Une expertise psychiatrique du suspect a été conduite ce vendredi matin en garde à vue par un médecin, le jeune homme étant "atteint de troubles autistiques conséquents pour lesquels il est suivi régulièrement par un psychiatre", ajoute son avocate.

"Ces troubles impliquent, entre autres, une perception décalée des normes sociales. Il y aurait eu une mauvaise blague à l'origine de l'altercation, qui aurait dégénéré. Ce sera à la justice de décider. Il est important, aujourd'hui, d'appeler au calme et à la désescalade", complète-t-elle.

Le procureur de Grenoble a fait savoir ce vendredi, en début d'après-midi, que le jeune homme était "en cours de défèrement au parquet". Le ministère public requiert son "placement sous contrôle judiciaire avec notamment une obligation de soins" avant son renvoi devant le tribunal correctionnel, le 4 septembre. "Le médecin psychiatre qui l’a examiné ce jour indique qu’il est pleinement responsable de ses actes malgré ses troubles psychiques", a précisé le procureur, Eric Vaillant.

La classe politique condamne

Qualifié pour le second tour des élections législatives dans la première circonscription de l'Isère, Olivier Véran (33,6 %), a été devancé au premier tour par Hugo Prevost (40,2 %). Le député sortant a réagi à cette agression sur le réseau social X.

"Je condamne avec la plus grande fermeté cette agression lâche contre un élu et qui s’inscrit dans un contexte totalement inédit de violence dans cette campagne pour la première circonscription de l’Isère", a-t-il déclaré. "Tout mon soutien et mon amitié à Bernard, militant de valeurs engagé pour sa commune, adjoint apprécié, ami fidèle", a-t-il conclu.

Le candidat de l'union de la gauche, Hugo Prevost, a également apporté son "plein soutien" à Bernard Dupré. "La police et la justice vont faire leur travail. On s'en tiendra à cela. Il faut que la campagne revienne dans le champ du débat républicain et des idées", a-t-il continué, dénonçant "la violence ambiante qui s’installe dans cette fin de campagne".

Egalement qualifié au second tour des élections législatives dans la première circonscription de l'Isère, Alexandre Lacroix (RN) a apporté son "soutien républicain et humain le plus total à M. Bernard Dupré", a-t-il écrit sur X.